La maison de Frankenstein (1944) d'Erle C. Kenton avec Boris Karloff, Lon Chaney jr, John Carradine, Glenn Strange. (Éditions Elephant Films). Sortie en DVD le 21 octobre 2015

Marathon Frankenstein (4)

Après avoir fait rencontrer la créature de Frankenstein avec le loup-garou, le studio Universal poursuit son entreprise de surenchère carnavalesque avec La maison de Frankenstein, véritable défilé de tous les grands monstres du genre.

Réalisé par l'habile Erle C. Kenton (déjà auteur du Spectre de Frankenstein), le film met en scène un savant fou (le docteur Niemann) qui s'échappe de la prison où il est enfermé en compagnie du bossu Daniel. Interprété par Boris Karloff (une des curiosités du film est qu'il regroupe trois acteurs ayant incarné la créature de Frankenstein!), ce savant recherche les cahiers du mythique baron pour poursuivre ses expérience.

Le film est construit en deux parties. Dans la première, Niemann ressuscite Dracula (joué par John Carradine). Ce segment constitue un véritable petit film à l'intérieur du grand, avec un début, un milieu et une fin. L'aventure terminée, le savant et Daniel reprennent la route et découvrent les corps de la créature de Frankenstein (Glenn Strange) et celui du loup-garou (toujours Lon Chaney jr) prisonniers des glaces. Débute alors un deuxième film où Niemann est bien décidé à effectuer toute une série de transplantations d'organes contre-nature.

On l'aura compris, La maison de Frankenstein est une véritable attraction foraine (c'est d'ailleurs dans un spectacle de ce style que les "héros" retrouvent le squelette de Dracula) et un prétexte à un défilé de monstres pittoresques. Outre le prince des vampires, la malédiction de l'homme-loup et l'insubmersible créature de Frankenstein, Kenton reprend à son compte l'histoire du bossu de Notre-Dame en narrant les amours malheureuses de Daniel le bossu et d'une belle gitane (qui préfère Talbot le loup-garou!).

 

L'ensemble, même s'il est traité avec un certain sérieux et un certain soin, est donc assez grand-guignolesque et laisse la part belle à une ribambelle de comédiens qui semblent bien s'amuser : Karloff en savant fou qui redonne vie à la créature qui fit sa renommée autrefois, le fordien John Carradine en Dracula séduisant une belle jeune femme (les transformations en chauve-souris sont assez sommaires mais dégagent néanmoins une certaine poésie désuète), Lon Chaney Jr dans le rôle de Talbot, ce loup-garou dont il n'arrivera jamais à se défaire et Glenn Strange qui cabotine dans le rôle du monstre de Frankenstein.

Kenton fait consciencieusement son boulot : le cadre est soigné et certaines séquences sont particulièrement réussies, notamment l'orage du début qui permet à Niemann et son complice de s'enfuir de la prison. Doté de moyens qu'on imagine assez limités, il compense par quelques trouvailles visuelles l'absence d'effets-spéciaux : les pas de Talbot dans la boue qui suggère sa transformation, des jeux d'ombres sur un mur qui permettent d'élider la scène... On notera aussi quelques jolis décors (cette grotte complètement gelée) qui permettent de passer un bon moment.

 

Inutile de dire que l’œuvre n'a désormais plus rien à voir avec le mythe originel de Frankenstein mais d'un grand défilé carnavalesque qui possède, malgré tout, un certain charme...

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