La 9ème vie de Louis Drax (2016) d’Alexandre Aja avec Jamie Dornan, Sarah Gadon, Aaron Paul. (Editions Carlotta Films). Sortie en DVD et BR le 21 juin 2017

Incassable

Je le confesse humblement, je n’ai pas suivi avec assiduité la carrière cinématographique d’Alexandre Aja. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais vu que son remake de La Colline a des yeux. Mais les titres de ses films (Horns, Piranha 3D) nous donnent un indice sur le teneur de son œuvre : celle d’un cinéphage biberonné au cinéma fantastico-horrifique des années 70/80.

On ne reprochera pas au cinéaste de vouloir refaire aujourd’hui ce qu’il a aimé autrefois mais, en revanche, on pourra néanmoins lui faire le grief d’aseptiser la sauvagerie et la violence des œuvres originales (voir sa version ripolinée de La Colline a des yeux).

La 9ème vie de Louis Drax, son dernier film, nous arrive directement en DVD et Blu-Ray sans être passé par la case salles. Il s’agit d’un thriller psychologique qui flirte parfois avec le surnaturel et rappelle de nombreux films de « télépathie » des années 80. Le récit débute comme un film de Shyamalan et pourrait être une sorte de version juvénile d’Incassable puisqu’un enfant de neuf ans, Louis Drax, a survécu 8 fois de suite à de graves accidents. A la suite d’un pique-nique au bord d’une falaise, le petit garçon fait une chute qui, cette fois-ci, pourrait lui être fatale. Dans le coma, il est pris en charge par le docteur Allan Pascal (Jamie Dornan) qui va essayer de reconstituer son histoire compliquée et tenter de comprendre ce qui s’est passé ce jour-là : chute accidentelle ou préméditée puisque le père de Louis a disparu depuis…

D’un point de vue scénaristique, La 9ème vie de Louis Drax est plutôt efficace et ressemble à ces best-sellers actuels mêlant thriller psychanalytique et irruption du fantastique. Le film est construit comme un puzzle et de nombreux flash-back reconstituent petit à petit le portrait de ce garçon perturbé qu’est Louis. L’intérêt du récit reposant essentiellement sur les révélations qu’il comporte, nous éviterons d’entrer dans les détails mais sachez qu’il est bâti sur des ficelles assez classiques : traumatisme initial, liens familiaux compliqués (le père et la mère ne s’entendent plus), jalousie vis-à-vis des hommes qui approchent cette mère adorée (la belle Sarah Gadon) puisque lorsque celle-ci se rapproche du docteur Pascal, Louis semble proférer des menaces par lettres alors qu’il est dans le coma, refuge dans l’imaginaire (une sorte de monstre plein d’algues dialogue constamment avec le petit garçon comme dans Le Labyrinthe de Pan de Del Toro)… Tout cela n’est pas désagréable mais un peu fade tant la mise en scène se contente d’illustrer platement une série de rebondissements plus ou moins prévisibles (on pense parfois, mais en beaucoup moins retors et habile, au Shutter Island de Scorsese).  Sur la fin, une séance d’hypnose permet à Aja de vraiment raconter les choses de manière visuelle et on regrette alors qu’il n’ait pas procédé de la sorte avant car c’est le meilleur moment du film.

Autre point faible à souligner : le personnage de Louis, véritable tête-à-claques qui n’inspire jamais la moindre compassion ou la moindre empathie. Du coup, j’avoue avoir eu du mal à être ému par sa destinée.

Reste alors un téléfilm plutôt luxueux qui se regarde comme on lit un roman policier manufacturé sur la plage en été. Aja a le mérite d’éviter le côté tapageur de certains thrillers misant tout sur l’action mais, contrecoup fâcheux, sa mise en scène se révèle un peu trop lisse (parfois même menacée par l’imagerie kitsch) et jamais son intrigue ne parvient véritablement à décoller…

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