Meurtre au soleil (1981) de Guy Hamilton avec Peter Ustinov, Jane Birkin, Maggie Smith, James Mason, Diana Rigg (Editions Carlotta Films) En salles depuis le 4 avril 2018

Mort sur l'Adriatique

Chronologiquement parlant, il s’agit du dernier des quatre films adaptés d’Agatha Christie qui ressortent ce mois-ci. Il est à nouveau réalisé par Guy Hamilton à qui l’on doit Le Miroir se brisa et il met en scène l’incontournable Hercule Poirot incarné une fois de plus par le grand Peter Ustinov. J’ignore si c’est le soleil, la mer et l’atmosphère de farniente qui règne dans ce récit mais je l’ai trouvé un peu moins engoncé que le précédent et plutôt mieux écrit.

La formule est cependant toujours la même dans ces adaptations de la romancière britannique : un microcosme bien caractérisé (souvent très huppé), une unité de lieu si ce n’est un huis-clos (ici, un hôtel de luxe sur les bords de l’Adriatique), un meurtre, une collecte d’indices qui met en lumière les griefs que tous les personnages avaient contre la victime (tout le monde est potentiellement coupable) et le raisonnement ingénieux de l’inspecteur qui finit par confondre le ou les tueurs.

Dans la mesure où les intrigues sont diaboliquement ficelées et retorses à souhait, on ne s’ennuie pas un instant en observant ce petit monde évoluer et Poirot échafauder ses hypothèses. A cela s’ajoute une pointe d’humour britannique très agréable puisque le cinéaste se délecte à faire une satire de la vénalité et de la cupidité régnant parmi la haute société. Comme dans Le Miroir se brisa, on retrouve des dialogues extrêmement vachards que s’échangent deux personnages féminins jaloux l’un de l’autre (ici, Diana Rigg et Maggie Smith). On constatera d’ailleurs, à l’inverse du catéchisme prêché par les idéologues contemporains, qu’une écriture « féminine » (celle d’Agatha Christie) n’empêche nullement de portraiturer impitoyablement les individus du même sexe !

Rien de bien bouleversant du point de vue de la mise en scène (un classicisme frisant çà et là l’académisme) mais, à l’instar de toutes les adaptations prestigieuses de Christie, Guy Hamilton bénéficie d’une distribution trois étoiles. Trois de ses comédiens étaient déjà présents dans Mort sur le Nil : Ustinov en Poirot (on a du mal à imaginer quelqu’un d’autre pour incarner le célèbre détective belge), Jane Birkin belle à croquer dans un rôle de jeune femme délaissée par son époux et allergique au soleil et Maggie Smith dans celui de la propriétaire de l’hôtel.

Après Kim Novak et Elizabeth Taylor dans Le Miroir se brisa, Bette Davis dans Mort sur le Nil, ces adaptations semblent également le refuge des stars hollywoodiennes vieillissantes. Ici, on retrouve le grand James Mason, impeccable dans un rôle secondaire où il fait merveille. Enfin, la petite touche de charme est apportée par Diana –Emma Peel- Rigg qui se délecte dans le rôle de cette actrice aguicheuse objet de toutes les convoitises et de toutes les haines.

Rien que pour son numéro chanté et ses maillots de bain, Meurtre au soleil mérite d’être vu…

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