Oubli immédiat
Futur immédiat Los Angeles 1991 (1988) de Graham Baker avec James Caan, Mandy Patinkin, Terence Stamp (Editions Carlotta films). Sortie en DVD/BR le 26 mars 2018
En ces sombres années reaganiennes, il ne fait pas bon être étranger ou extraterrestre. De manière ironique, Graham Baker insère d'ailleurs dans son film une affiche de Rambo 6, symbole de ce cinéma expansionniste toujours prêt à aller casser du niakoué ou de l’envahisseur. Malgré John Carpenter montrant dans They Live que les « extraterrestres » les plus dangereux sont bel et bien ces yuppies imposant le règne du fric et de l’horreur libérale (l’un de ces envahisseurs ressemble d’ailleurs de manière troublante au cow-boy qui dirigeait alors les Etats-Unis), l'Autre n'est pas le bienvenu.
Manque de chance, dans Futur immédiat Los Angeles 1991, 300.000 extraterrestres ont débarqué en Californie et après un épisode de quarantaine, ils cohabitent désormais plus ou moins pacifiquement avec les autochtones. Suite au décès de son partenaire, Matthew Sikes (James Caan) se retrouve à mener une enquête avec un coéquipier d’origine extraterrestre, une première pour la maison poulaga…
Le film de Graham Baker, cinéaste sans grande envergure (son titre le plus célèbre reste peut-être Beowulf avec Christophe Lambert !) est un curieux mélange de science-fiction (dans un futur proche, la civilisation terrienne doit s’habituer à cohabiter avec des individus venus d’ailleurs et possédant une intelligence supérieure ce qui - si on écoute Eric Zemmour, Christophe Barbier ou Aymeric Caron- ne paraît pas très compliqué !), d’action (les fusillades de la première séquence) et de « buddy movie » puisque les deux partenaires qui commencent à se regarder en chiens de faïence finissent par devenir les meilleurs amis du monde.
C’est d’ailleurs de ce côté-là que le film se révèle le meilleur en ce sens qu’il propose un message humaniste et fraternel sans avoir recours à une certaine beauferie de rigueur dans le genre (voir la saga L’Arme fatale). Après, il faut bien reconnaître qu’on a plus envie de juger le film pour les défauts qu’il évite plutôt que pour ses qualités intrinsèques. Car le scénario ne casse pas trois pattes à un canard (un trafic de drogue interstellaire cousu de fil blanc même si on apprécie de retrouver le grand Terence Stamp dans le rôle du chef des affreux) et les péripéties du récit ne sont pas très palpitantes.
On sourira de temps en temps de voir le flic extraterrestre se pinter au lait caillé (la boisson « alcoolisée » en vogue chez les envahisseurs) et on appréciera de voir un message d’ouverture et de compréhension mutuelle à une époque où l’Amérique se recroquevillait sur ses valeurs les plus rances. Mais on reconnaîtra que l’œuvre sera sans doute totalement oubliée deux jours après son visionnage en dépit d’un joli casting (James Caan en tête) et des problématiques qui restent malheureusement toujours d’actualité…