Les Yeux dans les ténèbres (1942) de Fred Zinnemann avec Ann Harding, Edward Arnold, Donna Reed (Editions Artus Films)

© Artus Films

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Cinéaste sans grande personnalité, Fred Zinnemann est resté dans les mémoires cinéphiles pour deux ou trois films, notamment grâce à son western plutôt décrié par les puristes du genre (Le Train sifflera trois fois) et grâce au couple Burt Lancaster/Deborah Kerr enlacé sous les vagues dans Tant qu’il y aura des hommes.

Les Yeux dans les ténèbres qu’exhument aujourd’hui les éditions Artus fait partie de ces thrillers que Zinnemann a tournés dans les années 40 (juste avant, il a réalisé L’Assassin aux gants de velours). Il possède toutes les caractéristiques des bonnes série B d’antan : une intrigue linéaire plutôt classique, la sécheresse d’exécution (le film dure 1h15 et ne s’embarrasse pas de palabres inutiles), un certain goût pour les atmosphères sombres et contrastées. Dans une belle scène du film, les deux protagonistes sont plongés dans le noir et ce sont les coups de feu d’un revolver qui éclairent (très faiblement) le théâtre de l’action.

Pour résumer le film en deux mots, Les Yeux dans les Ténèbres raconte l’histoire de Norma Lawry (Ann Harding) qui vient trouver un détective pour qu’il intervienne et mette fin à la liaison entre sa belle-fille et un acteur de théâtre plus âgé qu’elle. Il se trouve que Paul, ledit acteur, fut autrefois le fiancé de Norma. Les choses se précipitent lorsque Paul est assassiné…

Si l’on pense dans un premier temps que l’œuvre va être tarabiscotée et tourner autour des thèmes de la jalousie, de la machination, on réalise vite qu’elle sera beaucoup plus « simple »  et qu’il s’agit avant tout d’une histoire d’espions désireux de récupérer de précieux documents.

Un peu banal du côté du scénario, le film possède deux éléments originaux qui lui confèrent de l’intérêt. Primo, le détective qui mène l’enquête est aveugle (d’où le titre). Cette cécité offre au cinéaste l’opportunité de mettre en scène des situations plutôt originales (notamment dans la manière dont le héros raisonne) et titille toujours l’esprit du spectateur qui cherche à épouser ce point de vue aveugle.

Deusio, le détective est épaulé de manière régulière par un berger allemand répondant au nom de Friday. Si ce rôle dévolu au chien a un côté un peu « gadget » (on cherche à exhiber les qualités du dressage de la bête capable de sauter à travers une vitre brisée ou d’ouvrir une porte), il donne au film une touche de légèreté assez agréable.

L’ensemble ne constitue évidemment pas un chef-d’œuvre mais reste un petit thriller de série bien ficelé qu’on regarde sans le moindre déplaisir.

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