Night Monster (1942) de Ford Beebe avec Bela Lugosi (Elephant Films) Sortie en DVD  le 25 juin

© Elephant Films

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En 1942, la firme Universal a perdu de la superbe qu’elle a pu avoir dans les années 30 lorsqu’elle produisait les grands classiques du cinéma fantastique. Dans les années 40, la maison est obsédée par la production de suites improbables (Le Fantôme de Frankenstein, Frankenstein rencontre le loup-garou…) qui finiront par virer à la franche parodie lorsque les « deux nigauds » Abbott et Costello rencontreront tous les monstres en stock. L’autre technique commerciale sera pour la société de mettre en avant les noms de leurs grandes stars. On constatera ainsi que, dans Night Monster, le nom de Bela Lugosi figure en premier au générique alors qu’il n’incarne ici qu’un majordome au rôle assez limité et se contente de jouer les utilités.

Un homme paralysé accueille chez lui trois médecins qui, autrefois, ont échoué à le guérir. Il veut leur montrer une invention qu’il estime révolutionnaire pour leur pratique. Mais dans le même temps, une jeune domestique est assassinée dans les marais à proximité de la demeure, comme autrefois un médecin…

Le film sera donc un mélange de thriller à la Agatha Christie puisque des meurtres ont lieu dans un lieu clos où défilent d’inquiétants personnages (une gouvernante qui rappelle un peu celle de Rebecca d’Hitchcock, un chauffeur particulièrement machiste et repoussant…) et de récit fantastique. L’invention que veut mettre en valeur l’hôte de ces messieurs (et une dame, psychiatre) est une technique d’hypnose mise au point par une sorte de fakir qui permet de matérialiser ce qui n’existe pas. Lors d’une démonstration qui met tout le monde en émoi, il parvient à faire apparaître un squelette tenant en ces mains un trésor. Une fois l’expérience terminée, il ne restera plus qu’une tâche de sang sur le tapis (les veines des squelettes sont parfois fragiles !). Ce sang apparaît d'ailleurs régulièrement et faire dire à un personnage que l'atmosphère de la maison est empoisonnée par son odeur...

On l’aura compris, et comme le dit bien Nicolas Stanzick en bonus, nous ne sommes pas en face d’un grand classique du fantastique mais davantage dans une sorte de baraque foraine. Night Monster, avec son petit budget et ses situations improbables, relève effectivement du train fantôme et de la série B sans grande envergure. Néanmoins, ces réserves ne sont pas une condamnation. D’une part, parce que Ford Beebe, spécialiste du serial pour Universal (Buck Rogers, Flash Gordon…), possède un certain métier et qu’il trousse ici une œuvre suffisamment rythmée pour éviter tout ennui. D’autre part, parce que Night Monster recèle quelques jolis moments où un peu de fumée artificielle et des paysages nocturnes parviennent à instaurer un climat mystérieux.

On est loin du Chat noir ou des Frankenstein de James Whale mais pour les amateurs du genre, Night Monster n’a rien de déshonorant et se laisse voir avec indulgence, en dépit de ses incohérences et de son budget plutôt étriqué.  

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