Christian fait également partie de mes plus vieux compagnons de route puisque je l’ai rencontré alors que nous officions tous les deux sur la plateforme 20six de sinistre mémoire. Ce qui nous a rapprochés immédiatement, c’est une curiosité insatiable pour tous les aspects du cinéma. Christian est un puits de science qui ne néglige ni le cinéma « bis », ni les nanars gouleyants qu’a pu produire le cinéma français, par exemple. A ce titre, c’est un grand et fin connaisseur de tous les seconds ou troisième rôles qui ont pimenté le cinéma du « samedi soir ».

Quand il a débuté avec son Coin du cinéphage, Christian livrait des critiques de films et il a continué jusqu’à 2010 à peu près. Je me souviens, par exemple, d’un excellent papier sur Les couilles en or de Mocky publié…un premier avril. Mais les déboires rencontrés sur 20six l’ont peu à peu éloigné de la « critique » à proprement parler et il a transformé son blog en passionnante encyclopédie où l’on trouve de nombreuses notices nécrologiques, des portraits de comédiens et une mine d’informations diverses et variées sur le cinéma.

Par ailleurs, j’ai retrouvé Christian avec plaisir sur Facebook où là, encore, il laisse libre court à son affection sans mesure pour les acteurs (et surtout actrices) en composant de superbes albums de photographies (rares ou méconnues) qu’il va piocher dans les recoins perdus du Net.

Cinéphile autant que cinéphage, Christian est un érudit qu’on espère (re)lire plus souvent sur la Toile…ou ailleurs !

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***

 

"Par chance, il se trouve que le cinéma était né 
dès le début sur deux jambes: une jambe absolument 
populaire, basique, triviale, imaginaire et une jambe 
cultivée, compliquée, philosophique, élitaire, et qui appelait 
la critique… Et que choisir le cinéma, c'était sans s'en rendre 
compte, d'un point de vue intellectuel et théorique, 
choisir une maison avec deux portes: une porte que 
tout le monde prend - et qu'il faut prendre, sinon on ne 
comprend rien au cinéma – et une porte dérobée dans 
laquelle les gens, dès le début, ont demandé au cinéma 
des choses absolument extravagantes
" (Serge Daney)

 

D’abord, bon anniversaire, et un salut général à Vinz pour avoir illustré, sans relâche, cette citation de Serge Daney. Il y aurait beaucoup à dire sur le petit monde du web, pour illustrer la critique de cinéma, ou pour parler amoureusement de cet art. Il faut le déplorer, mais c’est le plus souvent la roublardise qui est payante, voire le mieux référencé qui a raison de toute façon, quitte à jeter toute probité aux orties. Il faut arriver à persévérer, ce qui peut être un tantinet lassant parfois, sur un support qui peut s’avérer moyennement stable. Tout comme notre ami Orlof, (puisque c’est ce pseudonyme franquiste tendance Howardvernonien qui a été adopté par notre ami), j’ai appris en passant par la catastrophique plateforme 20six, que tout labeur pouvait devenir extrêmement volatile. On pourrait longtemps gloser sur les avatars techniques de cette ineffable plateforme, perdant en chemin toutes les données postées. Pour être passé par là tout comme « Pierrot », son premier pseudonyme, évidemment ça crée des liens, il faut parfois tout recommencer avec opiniâtreté. On ne peut donc que le louer d’avoir tenu ce cap des dix ans, tout en se renouvelant constamment, là où beaucoup, dont mézigue, se découragèrent. Et second point commun avec ma pomme, on peut donc avoir une cinéphilie tout en étant provincial, parfaitement honorable d’ailleurs. Si par exemple il n’aura pas vu le dernier Godard en 3D, il pourra se consoler, en nous donnant l’une des meilleures lectures de ce film. Donc de la salle au DVD, il nous transporte, dans ce cinéma à « deux portes », passant allègrement du « Trouble-fesses » de Raoul Foulon à « La chute de la maison Usher » classique du muet de Jean Epstein. On s’amusera à le rejoindre ou non dans ses avis toujours pertinents, portés par le petit « Ulysse » façon Télérama, azimuté à la sauce Orlof. Du cinéma expérimental de Joseph Morder ou Gérard Courant, au cinéma « Mauvais genres », aux grands classiques. Cet infatigable lecteur (On recommandera aussi la lecture de son autre blog « La cave du docteur Orlof »), a donc réussi, passant de l’actualité au patrimoine, à persister dans cette activité chronophage.

 

Donc pas de flagornerie pour ma part, ce blog reste pour moi dans les indispensables, à l’heure où des films sont parfois liquidés en 4 ou 5 lignes, même dans des magazines dits sérieux. Pour ma part, je veux bien repartir comme lecteur pour une décennie de plus. On peut rêver d’un éditeur avisé, qui nous livrerait un dictionnaire des films traités sur ce blog, et l’on retrouverait le plaisir de la lecture papier. Une réintégration des premiers textes serait aussi appréciable, même s’il reste des traces ici, mais c’est illisible si vous ne maîtrisez pas le « c?t? l? gat !pro, » nouveau langage 20six que l’on pourrait volontiers qualifier d’hermétique. Mais n’oublions pas que s’il n’est peut-être pas le meilleur support pour une critique érudite, le web nous permet de nous régaler de l’écriture passionnée de cinéphiles originaux.

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