Je n’ai pas un souvenir précis du moment où j’ai fait la connaissance de Camille. Ce dont je me souviens, en revanche, c’est qu’elle fait également partie de mes plus anciennes camarades et que je regardais à l’époque son blog avec une pointe d’envie. Je m’explique : alors que je devais me contenter, au mieux, de parler des sorties de la semaine ou de films diffusés à la télévision, Camille était parvenue à faire de son blog un espace quasiment « professionnel » où elle pouvait rendre compte d’avant-premières, de festivals (y compris Cannes) et des nouveautés DVD. Cependant, ce qui m’a toujours plu chez elle (outre son extrême gentillesse, sa simplicité et son sens de l’accueil), c’est qu’elle n’est jamais tombée dans le travers où se précipiteront par la suite de nombreux blogs. Jamais elle n’a fait de son espace personnel un mur pour les publicitaires avides de fourguer la bande-annonce du nouveau blockbuster à la mode, de promouvoir un film en faisant gagner des cadeaux à ses lecteurs, de courir après le dernier phénomène du moment pour gagner du clic. Ce qui a toujours prédominé dans Cinemaniac, c’est un amour sincère et désintéressé pour le cinéma.

Du coup, j’ai été très heureux et très flatté lorsque Camille m’a invité à écrire quelques chroniques DVD chez elle, n’ayant pour sa part pas le courage de se lancer dans un coffret Straub/Huillet ou de regarder le Salo de Pasolini. Par ailleurs, c’est grâce à elle que j’ai pu, en 2010, couvrir pour la première fois le festival du film policier de Beaune même si une grève de la SNCF m’a empêché de voir autant de films que je le souhaitais.

Même si elle se fait un peu plus rare, Camille poursuit l’aventure de son blog et je vous invite, après l’avoir remerciée chaleureusement, à vous y précipiter… 

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10 ans déjà. Nous étions, sans le savoir, les pionniers des blogs ciné, surtout lui : le Journal cinéma du Dr Orlof fête aujourd'hui ses dix années d'existence. Que reste-t-il de notre génération de bloggers monomaniaques, un seul blogger, omni-tâches, aux commandes? Lui, le Doc, a survécu, comme quelques-uns, rares...

Il sait (tout en pensant, modeste, que j'exagère) que je le considère comme le meilleur blog ciné "sur la place" pour plusieurs raisons :

D'abord, sa cinéphilie authentique, sa culture générale au-delà du cinéma, son intérêt documenté pour les questions sociétales qui enrichissent ses articles.

Ensuite, le Doc, toujours, argumente, le dos tourné au "j'aime, j'aime pas" que pratiquent encore de nombreux journalistes et trop de bloggers. Nous ne sommes pas toujours d'accord mais son point de vue sur un film n'est jamais dans l'émotion, l'identification primaire, et, si on ne peut pas totalement éliminer une part de subjectivité, chez Dr Orlof, cette subjectivité est au minimum humain, on n'est pas des machines non plus.

Enfin, c'est le seul à ma connaissance à n'avoir pas répondu présent, même de temps en temps, aux sirènes du star-system, les mondanités, les invit, les event, moteur de beaucoup de nouveaux blogs, l'indiffèrent, voire l'agacent, d'ailleurs, il ne se met jamais en scène. Ce n'est certes pas lui qu'on verra en photo au premier rang d'une conférence de presse, ou posant pour un selfie avec une star sur le red carpet lors de l'avant-première d'un blockbuster, voire devant tel ou tel logo d'un festival, d'une marque sponsor, café, soda, banque ou autre... Incorruptible Docteur Orlof...

Last but not least, il prend parti, il ose, il raisonne parfois en intellectuel mais demeure parfaitement lisible par tous, un brin d'humour british en bonus, un poil de férocité, mine de rien, avec, en filigrane, un côté essentiel, presque radical, la forme de son blog est miroir de son contenu, quasi-monacal, aucune fioriture, focus cinéma à 200%.

Bon! Le Doc a quand même quelques défauts, par exemple, cette obsession pour Gérard Courant, parfois, un peu invasive...

Je ne sais pas si cela a un quelconque intérêt mais je précise que malgré que nous nous fréquentions virtuellement depuis au moins huit ans (soit la naissance de mon blog en 2006), je ne l'ai jamais rencontré IRL et que, finalement, cela n'a aucune importance, j'ai l'impression de le connaître aussi bien que beaucoup de gens que je fréquente "en vrai", j'en suis au point de me demander si on n'est pas plus vrai et sincère ainsi, à communiquer par l'écriture, mais c'est un autre débat.

Bon anniversaire et longue vie au blog du Docteur Orlof, et, surtout qu'il n'ait pas l'idée saugrenue un jour d'y mettre le mot fin.  Au moins 10 ans sup et des poussières!

 

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