Ange ou démon?
Born to be bad (1950) de Nicholas Ray avec Joan Fontaine, Robert Ryan, Mel Ferrer, Joan Leslie
Poursuivons, si vous le voulez bien, avec le cycle Nicholas Ray et ce film plutôt rare, qui ne compte pas parmi les meilleurs du maître (il s’agit d’un pur produit de commande).
Dans Born to be bad, une jeune femme enjôleuse (la diaphane Joan Fontaine) joue de son charme perfide pour séduire trois hommes aux caractères opposés : le richissime Curtis, l’écrivain goguenard Nick (Robert Ryan) et un peintre dévoué (Mel Ferrer). Christabel (c’est son prénom) finira par épouser, par ambition, Curtis alors qu’elle est visiblement amoureuse de Nick…
Mélodrame sans grand relief, Born to be bad permet néanmoins à Nicholas Ray de peaufiner un joli personnage féminin dont la blondeur angélique masque un esprit retors, prêt à toutes les combines pour arriver à ses fins. Comme toujours chez lui, les personnages ont deux visages et derrière le masque social se cache la noirceur de l’âme humaine… Joan Fontaine, actrice aimée chez Ophuls (Lettre d’une inconnue) et chez Hitchcock (Soupçons, Rebecca) excelle, par des jeux de regards et des sourires roués, à feindre l’humilité et la réserve pour dissimuler ses plans machiavéliques. Lorsqu’elle est prise en flagrant délit de mensonge, elle a toujours un geste vers sa coiffure, comme si elle n’avait pas eu le temps de réajuster son masque.
C’est peu dire que le film doit son intérêt à sa composition car en face, c’est un peu moins bon. Je pense notamment à l’incolore Zachary Scott, moustachu sans charisme qui incarne le riche mari floué. Robert Ryan et Mel Ferrer sont plus convaincants mais c’est surtout la discrète Joan Leslie qui tire son épingle du jeu dans le rôle de l’amoureuse éconduite.
Ceux qui auraient le malheur de commencer à découvrir l’œuvre de Ray par ce film ne doivent pas se décourager : c’est une œuvre mineure qui ne doit pas empêcher de découvrir les pièces maîtresses du cinéaste.
Film mineur, certes, mais loin d’être déplaisant car le classicisme hollywoodien fonctionne alors à plein régime. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai songé à la littérature du 18ème siècle. Je sais parfaitement que tous les livres de cette époque ne se valent pas et qu’il est possible d’établir des hiérarchies mais je trouve qu’il y a, même dans les œuvres mineures, une langue de l’époque qu’on aime à lire.
C’est un peu la même chose avec les films classiques hollywoodiens. Même quand ils sont un peu moins inspirés, il y a un langage cinématographique qui séduit malgré tout. Un film secondaire comme Born to be bad pourrait être projeté dans des salles de classe pour illustrer ce que sont les raccords (toujours fluides), la profondeur de champ, les mouvements à l’intérieur du cadre… Ce n’est pas grand-chose mais il y a toujours ce sentiment que nous sommes devant du cinéma et pas de la mauvaise télé.
Ce n’est déjà pas si mal…
PS : Comme ce film n’est pas très connu, j’en profite pour faire un petit point « statistiques ». Depuis quelques jours, Over-blog a fait migrer mon blog sous une nouvelle version. Pas de gros changements en ce qui me concerne (Dieu soit loué, ce n’est pas 20six !) mais le plaisir d’avoir un outil statistique plus élaboré. Je suis désormais en mesure de voir d’où proviennent mes lecteurs et peux donc remercier mes voisins qui attirent chez moi le chaland. Si l’on excepte Boulet, mon plus gros pourvoyeur en visites, ce sont le Dr Devo et Vincent qui m’envoient le plus de monde. Viennent ensuite Ludovic (c’est l’une de mes plus grandes fiertés que d’être en lien chez lui) puis mes excellents voisins Joachim et EdSissi.
Merci également à deux sites qui me lient et font une promotion non négligeable, celui de l’infatigable « agrégateur » de blogs Labosonic et l’excellent Ciné-club de Caen (n’hésitez pas à intervenir ici !).
Mais ce qui me réjouit encore plus, c’est que je peux désormais voir quels mots-clés ont permis de venir jusqu’à moi. Ce n’est pas triste ! Cela va des classiques « Brigitte Lahaie nue » (faudrait que je pense à mettre plus de photos !) ou « Claudine Beccarie photo » voir même un plus surprenant « Dorothy Malone nue ».
D’autres requêtes m’ont paru plus sibyllines comme ce « Venus en lion sexuelle » (sic !) ou « remédier à la frustration » (c’est mon côté « docteur » qui doit tromper !). Parfois, l’analphabétisme juvénile confine au génie dadaïste comme dans cette requête sublime : « vieilles actrices des filme du qu ».
J’aime aussi les recherches plus pointues comme « esthétique hamiltonienne » (je n’ai pourtant jamais évoqué ici les belles demoiselles pré pubères de David) ou « film réel épouvantable et effrayant » (tout un programme !).
J’ai pu constater avec plaisir que j’apparaissais en première page des résultats de Google lorsqu’on s’amuse à faire la recherche « chanson mon beau camembert » (mais qui peut faire ce type de recherches ??) et nous conclurons en listant les requêtes « sérieuses » qui ont du être sévèrement déçues lorsqu’elle sont arrivées chez moi : « les épilepsie simple » (!!), « Ronsard stance commentaire » (Eh ! les lycéens ! Pensez à regarder dans les livres avant de taper n’importe quoi sur les moteurs de recherche !) et « chaine alimentaire » (sic)…
Bon week-end, les amis…