Chine : année zéro
All tomorrow’s parties (2003) de Yu Lik Waï
Mon affection sans borne pour le cinéma asiatique n’est désormais plus un secret pour personne. Aussi est-ce avec un certain entrain que je m’en allais découvrir All tomorrow’s parties de Yu Lik Waï (déjà auteur de Love will tear us apart , prenez des notes).
Décor : la Chine post-capitaliste du milieu du 21ème siècle. Paysages industriels en friche, sectes politico-religieuses au pouvoir et camps de rééducation. Nous voilà dans un énième film millénariste nous narrant le récit des pérégrinations d’un homme et d’une femme à travers ce pays dévasté.
On commence par se dire que la photo n’est pas trop laide, que le cadre est élégant et on est prêt à passer outre cette légère affectation, cette pose mignarde qui a tendance à devenir un tic chez nos amis extrême-orientaux.. Au bout de vingt minutes, on se surprend à bailler et à penser à autre chose. On tente alors vainement de reprendre le cours du film mais on a déjà décroché (« comment s’est évadé cet homme du camps de rééducation ? » , « Ils n’étaient pas deux au début ? »). On cherche à reprendre ses esprits (« il n’était pas question d’un enfant au début du film ? ») : le sujet est sérieux et le style employé volontiers docte (ah ! ces images de paysages désolés avec le bruit du vent qui souffle !). Soyons à la hauteur des ambitions de l’auteur (« Ah ! revoilà le gamin !). Certaines images sont très belles (« qu’est-ce que viennent faire des coréens dans cette histoire ? »). 45 minutes de film (« c’est tout ! »). Imperturbable, Yu Lik Waï poursuit sa route (« quels sont véritablement les liens de cet homme et de cette femme ?) . Une scène laisse place à une autre, les séquences s’enchaînent ; aussi exaltantes qu’un recueil de jurisprudences en droit administratif. Une heure cinq de film (« putain, je n’y comprends que dalle »), l’appel du lit se fait de plus en plus caressant. Mais rompu de longue date à la plus spartiate des disciplines, on tient le coup (« tiens, ça serait peut-être pas mal de parsemer demain ma note sur ce film de petits apartés reflétant mon état d’esprit »). Une heure trente, le verdict et proche et on déduit que le cinéaste s’est montré totalement incapable d’incarner un temps soit peu sa fable futuriste. Se contenter de quelques silhouettes zombiesques dans de beaux décors de fin du monde ne suffit pas à faire un film. Aucune émotion dans All tomorrow’s parties , juste un ennui accablant qui tombe sur la nuque du spectateur dès le premier quart d’heure.
De la vision de ce film, nous déduisons qu’il ne fait pas bon vivre en Chine aujourd’hui. Qu’une telle conclusion nécessite ce genre de pensum me paraît mériter examen approfondi.