Crimes à Oxford (2007) de Alex de la Iglesia avec Elijah Wood, John Hurt, Dominique Pinon

 

Pas de séance à 14 heures ce mercredi pour le film de Wes Anderson ! Le bec dans l’eau, je décidai alors d’aller voir le film le plus tentant à l’affiche de mon cinéma. Ayant décidé de m’épargner l’adaptation que je devine académique au possible de Flaubert, j’ai opté pour le dernier film d’Alex de Iglesia, cinéaste dont je n’ai vu aucun film mais qui bénéficie d’une certaine aura, notamment chez mon cher voisin le Dr Devo dont l’autorité en matière de goût n’est plus à prouver.

Enfin débarrassé du poids de l’Anneau, Elijah Wood est ici un simple étudiant en sciences qui arrive à Oxford pour rédiger une thèse sous la direction de John Hurt, l’un des professeurs les plus renommés du coin. D’abord opposés dans leurs conceptions de la mathématique, nos deux compères vont se trouver liés lorsque surviennent plusieurs meurtres mystérieux dont la programmation semble répondre à quelques suites mathématiques logiques…

Crimes à Oxford fait de l’aporie scientifique un moteur fictionnel très plaisant à suivre pour le spectateur (vous ne trouvez pas que cette phrase fait très Cahiers du cinéma ? J’ai décidé de me placer et de briguer des places grassement rémunérées pour me libérer peu à peu des chaînes de l’esclavage salarié !). Pour le dire plus simplement, deux théories s’opposent dans le film : d’un côté, celle du jeune idéaliste qui croit que les mathématiques peuvent expliquer les énigmes de la nature et que chaque mystère peut être résolu par la logique ; de l’autre, un vieux disciple de Wittgenstein qui affirme l’incapacité de la science à triompher du Réel, à découvrir la Vérité.

Paradoxalement, alors que je ne suis pas scientifique pour un sou, j’ai toujours été fasciné par les films qui jouent avec les mathématiques (j’ai un très bon souvenir du Pi d’Aronovsky). Et j’avoue que j’ai été séduit par ce film qui semble se dérouler selon des suites logiques, comme si les crimes étaient commis par un mathématicien hors pair.

Mais même si le nom de Wittgenstein est prononcé ici, ne vous effrayez pas ! C’est moins les théories scientifiques pointues qui attirent le cinéaste que le jeu de Cluedo auquel se livrent Hurt et Wood lors d’une scène.

Tout le film est construit sur ce principe : un meurtre a eu lieu dans une chambre avec un coussin : qui a tué Melle Rose ? Alex de la Iglesia joue avec une certaine facilité sur les fausses pistes et les rebondissements réguliers et sa partie est très plaisante à suivre.

Crimes à Oxford n’est sans doute pas un chef-d’œuvre inoubliable mais réveille en nous le pur plaisir qu’on peut ressentir à voir se résoudre une énigme.

Si l’on excepte un très virtuose plan-séquence à la De Palma (juste avant la découverte du premier meurtre) et une très belle course-poursuite filmée en plongée verticale sur un escalier en colimaçon (qui évoque cette fois Dario Argento) ; la mise en scène se contente d’être efficace, sans esbroufe mais sans être pour autant indigente. C’est du bon boulot d’artisan, honnête et sans prétention (voilà qui nous change de l’académisme rance maquillé en « modernisme » d’un Assayas ! Zut ! Je viens de perdre ma place aux Cahiers !) 

Si Elijah Wood me semble être un acteur assez fadasse (mis à part ces yeux clairs qui séduiront sans doute les demoiselles, son jeu est quand même très terne et le spectateur a encore du mal à l’imaginer en personnage sexué. Surtout lorsque De la Iglesia le confronte à une actrice superbement charnelle et sensuelle comme Leonor Watling, déjà aimée chez Almodovar !), tandis que John Hurt est assez superbe de cabotinage inspiré.

Crimes à Oxford est sans doute au « grand » cinéma ce que Agatha Christie est à la « grande » littérature : quelque chose dont le plaisir se déguste sur le coup pour s’oublier un peu par la suite. Choses mineures, c’est vrai, mais qui consolent pourtant d’une quantité de produits estampillés « culturels » et « artistiques » qui ne les valent pas…

 

 


 

 

 

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