Chaos (2001) de Coline Serreau avec Catherine Frot, Vincent Lindon, Line Renaud

 

« Octave : Pour en venir à quoi ? 

Roberte : A l’absence de tout objet de remords.

Octave : Qu’est-ce à dire ?

Roberte : En supprimant la tentation.

Octave : Dites simplement la liberté, ce qui revient à éteindre l’esprit…

Roberte : A en instaurer l’ordre, tout au contraire.

Octave : Par son asservissement…

Roberte : Mais son asservissement au bien.

Octave : Allez-y ma chère, sécularisez toujours, sécularisez l’ordre céleste où les saints perdent la faculté du mal, fixés qu’ils sont à jamais dans la vision du souverain Bien… »

 

Pierre Klossowski (Roberte, ce soir)

 

Depuis quelques temps, Coline Serreau est devenue l’une de ces impitoyables et acharnées combattantes pour l’avènement du Bien suprême. Il ne s’agit plus pour elle de faire du cinéma (tourné en DV, Chaos est un film plastiquement monstrueux, d’une incommensurable laideur) mais d’éradiquer le Mal assimilé une fois pour toute dans l’esprit de la cinéaste au Mâle (Serreau, réalisatrice lacanienne ?). Aussi vrai que tous les arabes puent et que tous les juifs sont des voleurs (c’est à peu près à ce niveau que se situe le propos du film !), Serreau nous montre que tous les hommes sont :

1-     Des machos

2-     Des beaufs

3-     Des crétins incapables de faire tourner une machine à laver et de faire à manger.

4-     Des lâches qui s’enferment lorsqu’ils assistent à une agression.

5-     Des nuls tout juste attirés par le sexe et volontiers bigames.

6-     Des sans-cœur qui abandonnent leurs vieilles mères

7-     Des menteurs, des minables

8-     Des brutes

9-     Des maquereaux, des violeurs, des tueurs.

 

Mais il y a pire : il y a les hommes arabes ! Alors là, la cinéaste harpie se déchaîne : et que je te montre un père de famille qui vend ses filles pour les marier à des vieux en Algérie, des frères violents et débiles qui obligent leurs sœurs (forcément très intelligentes et cultivées) à mettre la table quitte à les frapper. Et j’en passe…On croirait lire un essai de l’ordure « Fine, quelle crotte » (JE.Hallier) !

Chaos, qui raconte (pour les rares courageux que ça intéresserait !) l’histoire d’une bourgeoise qui quitte le giron familial pour s’occuper d’une petite pute maghrébine et l’aider à se venger de ses agresseurs, est un film absolument nauséeux. Un ramassis de clichés bien-pensants (car tout cela se déroule du bon côté de l’axe du Bien) et un salmigondis rance de féminisme aigre. 

Lorsque Valérie Solanas propose de tailler les hommes en pièces dans son excellent Scum manifesto, c’est avant tout un ordre social qu’elle veut anéantir (quitte à détruire également celles qu’elle appelle les «Filles à son papa»). Coline Serreau, ça n’a rien à voir : il s’agit tout simplement de se passer des hommes et de se retrouver entre copines (voir le plan final des quatre nanas sur leur banc, aussi bête que l’image similaire des quatre beaufs du Cœur des hommes !).

Vous allez me dire que je m’énerve pour par grand-chose et vous n’avez pas tort : le propos est tellement imbécile qu’il ne mérite même pas qu’on s’y attarde. Par contre, ce sont les procédés de cinéma utilisés par Serreau qui me paraissent vraiment répugnants.

Côté homme, la charge à la grosse Bertha, que ce soit le sale ado déjà polygame et macho à son jeune âge, prêt à reconduire l’ordre phallocratique existant (alors qu’il est pourtant évident que nous nageons actuellement dans des sociétés matriarcales, je ne développe pas : relisez Muray !) ou ce père de famille complètement crétin qui ne pense qu’à son boulot (Lindon, et ce n’est pas peu dire, n’a jamais été aussi mauvais mais le meilleur des acteurs n’aurait rien pu faire d’un rôle aussi atroce !).

Côté femme : le chantage à l’émotion permanent (ces gros plans pornographiques sur les yeux humides de la momie chiraquienne Line Renaud), la complaisance la plus vulgaire (les femmes rouées de coups) pour amener le spectateur à approuver la vengeance et l’autodéfense comme dans un film avec Charles Bronson.

Et puisque nous avons commencé par une citation, finissons de même en retrouvant notre cher Jean-Patrick Manchette à propos d’un stupide film féministe (j’aime énormément la conclusion et c’est pour ça que je me permets de la citer alors que je l’ai déjà fait dans ma note sur le dégueulasse Baise-moi de Despentes) :

« Le féminisme ici prouve à nouveau qu’il est une idéologie, au besoin toute aussi odieuse et aveuglante qu’une autre. Ce film plaira à la rigueur aux pédérastes et à Landru, qui seront grandement confortés dans leur style de vie. »

 

 

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