Satan bouche un coin
L’esclave de Satan (1976) de Norman J. Warren
A vrai dire, j’ai regardé ce film sur un malentendu, pensant sincèrement avoir affaire à une véritable série Z réalisée par un spécialiste du genre. Or après vérification dans l’indispensable premier volume des Craignos monsters de Jean-Pierre Putters, j’ai réalisé avoir fait la confusion avec Jerry Warren qui fit sa réputation en produisant et réalisant « des films parmi les moins chers de toutes l’histoire du cinéma » (je rêve de découvrir Teenage zombies ou She was a hippy vampire !)
Norman J. Warren évolue dans une autre catégorie même si le bougre s’est également spécialisé dans le genre horrifique et Terror (la terreur des morts-vivants) ou le zombie venu d’ailleurs doivent valoir leur pesant de cacahouètes !
L’esclave de Satan débute comme n’importe quel film d’épouvante britannique. Une jeune femme se rend avec ses parents chez un oncle dont elle ignorait l’existence. A leur arrivée, ils sont victimes d’un accident dont seule la donzelle réchappe. Cloîtrée dans la grande demeure familiale, elle va découvrir peu à peu d’étranges phénomènes…
Je réalise que ce résumé ne dit absolument rien de la teneur d’un film où les cultes à Satan se mêlent à des meurtres particulièrement sanglants.
Pour être tout à fait franc, le film n’est pas franchement séduisant dans un premier temps. La mise en scène, un brin relâchée, peine à imprimer un rythme à un récit pas forcément très passionnant.
Seules les scènes d’horreur nous extirpent de notre torpeur. A ce titre, l’excellent Marquis a parfaitement raison de souligner la manière qu’a le cinéaste de greffer sur un canevas d’épouvante à l’anglaise ultra classique les extravagances du giallo italien.
C’est moins l’atmosphère gothique assez convenue qui surprend que ces soudains éclairs de violence où Warren n’hésite pas à recourir au gore le temps de quelques scènes bien éprouvantes (Ah ! ce morceau de verre planté dans un œil en gros plan !).
A cela, il rajoute une touche d’érotisme sadique (les jeunes femmes livrées à Satan sont dénudées et flagellées comme il se doit) de bon aloi.
Ce sont ces stridences dans le train-train un peu soporifique du film qui éveillent peu à peu l’intérêt jusqu’à un final que je trouve particulièrement réussi et vraiment étonnant (je ne dévoilerai rien).
Petite série B horrifique sympathique, L’esclave de Satan manque un peu de rigueur dans sa mise en scène pour susciter une adhésion sans réserve. Mais en fin de compte, le cinéaste est parvenu à instaurer un climat bizarre qui peut séduire malgré tout, pour peu que l’on goûte au folklore des messes noires et des jeunes vierges sacrifiées (yeah !).