Peur du noir (et vive Siné !)
The descent (2005) de Neil Marshall
Entre deux (délicieuses !) comédies de Douglas Sirk, je reviens un peu ici pour vous donner des nouvelles. Et je pousse la délicatesse jusqu’à éviter le film polonais des années 50 que personne ne connaît pour vous parler d’un film d’horreur contemporain qui bénéficie d’une certaine réputation.
Autant vous le dire tout de suite, je ne m’explique absolument pas comment on peut trouver le moindre intérêt à cette chose. Dès les premiers plans, j’ai compris ma douleur et senti la pénibilité de l’épreuve. Marshall filme quelques nénettes ramant dans des rapides à la manière d’une pub pour un chewing-gum dont je tairai la marque. La photo est abominable, le découpage aberrant et les effets numériques aussi visibles qu’un furoncle sur le nez.
Ca démarre donc très mal et, pour couronner le tout, Neil Marshall a le don pour nous servir tout ce qui me fait horreur et qui représente pour moi la quintessence de l’époque : le goût stupide pour les « sports extrêmes », les femmes viriles (débardeurs à la Linda Hamilton et jogging), le « dépassement de soi » (pourtant, pour la plupart de ces gens-là, « aller au bout de soi-même » ne prend sans doute pas plus d’un après-midi !)…
Voilà donc nos six nanas bien décidées à se donner le grand frisson en faisant de la spéléologie dans des grottes jamais explorées jusqu’à présent. On leste la trame scénaristique d’un semblant de psychologie (une des filles a perdu mari et enfant dans un accident de voiture et ses copines n’ont pas trouvé de meilleure idée que de l’emmener au centre de la terre pour lui remonter –si j’ose dire !- le moral), et nous voilà dans les ténèbres pendant près d’une heure trente.
Pour être tout à fait honnête, pendant une bonne demi-heure, le film s’améliore. Il n’est guère mieux filmé (Neil Marshall est vraiment un gros lourdaud sans aucun talent) mais le cinéaste parvient à jouer assez habilement sur la peur du noir que peut éprouver le spectateur et sur son éventuelle claustrophobie. Tant qu’il ne se passe rien et que nos héroïnes se contentent de descendre dans les tréfonds de la grotte, ce n’est pas déplaisant (on rêve cependant à ce qu’aurait pu faire du projet un bon cinéaste ayant le sens du découpage et de l’espace).
Puis arrivent les mutants aveugles qui peuplent la grotte et ça devient du grand n’importe quoi.
Comme il est de coutume de le dire en bon français, The descent devient un banal survival où nos sportives tentent tant bien que mal d’échapper aux croquemitaines.
Sauf que c’est filmé absolument n’importe comment. Les scènes de combats sont illisibles tant Marshall compense par un montage épileptique son absence totale d’idées de mise en scène. Elles sont par ailleurs d’une incroyable complaisance tant le cinéaste n’a aucun sens de la suggestion et se contente de gros effets sanglants bien répugnants. Dans un premier temps, j’ai pensé que ce catalogue de tous les tics à la mode du film d’horreur contemporain émanait d’un énième nanar américain. Or il s’avère que The descent est un film britannique : c’est peu dire que les films Hammer avaient beaucoup plus de classe !
Le plus navrant, c’est la manière dont le genre est dévitalisé de tout ce qui faisait autrefois son intérêt. Bien malin qui pourra trouver dans The descent la moindre trace de poésie morbide et vespérale, le moindre soupçon d’érotisme (les filles sont aussi bandantes qu’une allocution télévisuelle d’un vulgaire premier ministre !). Neil Marshall ne cherche pas à créer une tension ou à faire naître la peur chez le spectateur mais à le prendre en otage et à l’assommer à grand coup d’effets gores dégueulasses.
Le résultat est parfaitement minable !
PS : Rien à voir avec le cinéma mais juste un mot sur l’affaire qui va sans doute faire couler beaucoup d’encre ces temps-ci : l’incroyable éviction de Siné de feu Charlie-Hebdo.
Vous savez sans doute qu’il y a trois choses auxquelles j’ai décidé de ne plus jamais m’adonner :
1- Répondre à des sondages
2- Voter (pour une fois qu’un peuple votait intelligemment- et une Guiness à la santé des Irlandais !- voilà qu’on leur fait comprendre qu’ils n’ont pas été dans le bon sens et qu’ils devront revoter ! Et vous croyez toujours que les élections servent à quelque chose ? Vous êtes naïfs !)
3- Signer des pétitions
Je n’ai donc pas signé la pétition en faveur de Siné mais ça ne m’empêche pas de lui témoigner, dans la mesure de mes très modestes moyens, de mon soutien le plus total et de dégueuler une fois de plus sur ce qu’est devenu Charlie-Hedbo aujourd’hui. Je vous recommande par ailleurs d’écouter les propos diffamatoires de l’infâme Askolovitch (ici) pour mesurer à quel point les petites kapos du « prêt-à-penser » sont disposés à tout pour évincer tout individu dont le crime consiste à penser librement. Que ce soit dit une bonne fois pour toute : ce chantage permanent à l’antisémitisme est insupportable et totalement injustifié en ce qui concerne l’article de Siné. Quant à Philippe Val, cela faisait longtemps que nous ne nous faisions plus d’illusions sur ce triste sbire : inutile donc de pleurer sur le fait que le grand caricaturiste s’éloigne d’un tel nain grotesque ! Allez : désabonnez-vous de Charlie-Hebdo et réjouissez-vous : Siné projette de lancer un nouveau canard ou d’ouvrir un blog. Nous ne nous salirons plus les mains pour savourer sa prose et son trait !
Pour plus de détails sur l’affaire, une excellente mise au point gloupinesque ici. Et si vous souhaitez signer la pétition (je ne vous en dissuade aucunement), c’est ici qu’il faut se rendre.
Vive Siné, mille millions de foutre !