Repas végétarien
Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou (2005) de Nick Park et Steve Box
Vous savez sans doute déjà que je n’ai pas une passion débordante pour le cinéma d’animation (à quelques exceptions japonaises près). Je fais donc partie de ceux qui sont restés un brin perplexe par les dithyrambes ayant accueilli Chicken run des mêmes studios Aardman. Autant les aventures de Wallace et Gromit me paraissaient savoureuses sur de courtes durées, autant ce long métrage plaisant ne me semblait pas tenir toutes ses promesses et manquait un peu de souffle.
Cette fois, ce sont nos deux héros que nous retrouvons sur la durée d’un long métrage d’animation à base de pâte à modeler. Wallace et Gromit sont chargés d’assurer la protection des légumes du voisinage et de lutter contre une invasion de lapins. Pour éviter de les abattre, Wallace invente une machine devant permettre d’éradiquer l’instinct des rongeurs qui les pousse à s’attaquer au potager. Malheureusement, l’expérience est un fiasco et a pour conséquence fâcheuse d’engendrer un lapin monstrueux encore plus vorace en légumes…
Par rapport à Chicken run, Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou bénéficie (contrairement à ce que peut laisser entendre mon résumé !) d’un scénario plus solide où se mêlent références cinématographiques, humour british et allusions salaces.
Au niveau des parodies, Nick Park et Steve Box se font plaisir en convoquant un grand nombre de mythes du cinéma fantastique : Frankenstein et la création d’une créature monstrueuse, Docteur Jekyll et mister Hyde, le loup-garou (avec une transformation qui rappelle le film de John Landis Le loup-garou de Londres) ou encore King Kong (lorsque le lapin mutant enlève sa promise). On songe aussi parfois à l’univers de Tim Burton avec toutes ces machines qu’inventent Wallace et qui produisent toute sorte de réactions en chaîne.
Le tout est relevé par un humour très anglais à base de jeux de mots, de réflexions flegmatiques et de sous-entendus scabreux (« Victor ne s’intéresse pas à mes melons » annonce innocemment la belle milady en faisant visiter à Wallace son potager et en lui montrant lesdits légumes se trouvant à hauteur de poitrine !).
Les personnages me semblent aussi plus fouillés que dans Chicken run : le vilain prétendant Victor est très drôle et le couple Wallace et Gromit est une vraie trouvaille burlesque qui fonctionne parfaitement (personnellement, ma préférence va au chien qui est superbement croqué).
Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou me paraît donc être un divertissement parfaitement réussi. Mais quitte à passer pour le rabat-joie de service, j’avoue qu’il ne m’a pas non plus transcendé.
Personnellement, je trouve que ce film (et d’une manière générale, c’est vrai pour tous les films d’animation du moment) n’a rien de surprenant. La technique est, certes, parfaite (mais je me fous royalement de la technique) mais la recette est ensuite un peu toujours la même : une petite touche écolo et SPA, des références ou des parodies qui passent au-dessus de la tête des enfants mais qui sont destinées à séduire le public « adulte », un peu de second degré pour pimenter des récits somme toute assez semblables et où il manque un chouia de cruauté.
Je fais des réserves mais je tiens à préciser que ce film m’a semblé à des coudées au-dessus des affreux l’âge de glace ou, pire, Madagascar.
Chez Park et Box, il y a encore un peu de l’esprit d’enfance qui plane sur leur projet et c’est ce qui rend, malgré tout, le film plutôt séduisant et très agréable à suivre…