Inseminoïd (1981) de Norman. J. Warren


-Orlof, dans mon bureau !

-Tout de suite, patron...

-Orlof, je vous ai fichu la paix depuis quelques temps tant que vos résultats étaient plutôt satisfaisants. Mais vous n'êtes pas sans savoir que la crise actuelle touche tout le monde et votre blog n'est pas épargné : quatre places de moins en octobre, une de moins en novembre... Je vous ai convoqué pour trouver avec vous des moyens de redresser la barre...

-J'y ai déjà songé, boss, vous avez sans doute remarqué que j'ai augmenté la cadence de mes notes. Travailler plus pour gagner plus !

-Vous y croyez, vous, à ces conneries ?

-Non ! Je plaisantais, boss ! Je sais parfaitement que si certains travaillent plus, c'est uniquement pour que d'autres en fassent moins et gagnent plus...

-Stop ! Ce n'est pas le sujet de ce soir... Le rythme est bon mais quelle idée de nous coller deux soirs de suite du cinéma belge ?

-C'est que...

-Et puis ces revirements brutaux ? OK pour Eurociné : si vous voulez vous spécialiser dans la série Z, il y a un créneau et vous pouvez l'occuper. Mais pas question ensuite de nous parler de Moullet ou Buñuel ! Vous croyez que l'amateur de Elsa frauleïn SS va aller voir Brigitte et Brigitte ?

-C'est que... L'éclectisme est ce qui m'intéresse...

-Pas question ! En période de crise, il faut savoir se spécialiser et trouver des « niches » porteuses ! A vous de conquérir les marchés !

-(...)

-Des bruits circulent dans les couloirs d'Over-blog  au sujet de votre dernière note. De quoi vouliez-vous nous parler ?

-Inseminoïd...

-(s'étranglant)... C'était donc vrai !

-...de Norman J. Warren...

-Et ça après Buñuel ?

-Ben oui...

-Un cinéaste totalement inconnu ?

-Alors là, je vous arrête patron : j'ai déjà parlé de ce cinéaste britannique ici. Son film l'esclave de Satan n'était pas désagréable : on y fouettait de jeunes vierges dénudées avec conviction...

-Vous vous foutez de moi ! Et là, ça parle de quoi ?

-Inseminoïd est un film de science-fiction horrifique, un ersatz particulièrement fauché de l'Alien de Ridley Scott. Des cosmonautes sont en mission sur une lointaine planète et pour une raison que je n'ai pas totalement saisie...

-Ben nous voilà bien !

-... Une jeune femme de l'équipage se fait engrosser par une créature extra-terrestre. Elle devient particulièrement agressive et zigouille un à un tous ses compagnons de voyage.

-C'est gai ! Et c'est violent...

-Il y a quelques scènes gore assez poussées...

-Et des monstres ?

-Pas trop : la production était trop fauchée et à part la créature qui engrosse le temps d'une scène particulièrement hallucinante (dans le n'importe quoi !), c'est l'actrice qui se charge de faire régner la terreur...

-Admettons que ça peut plaire à la tranche 15-18 ans de vos lecteurs...

-Et puis c'est plein de détails splendouillets : des costumes en carton et polystyrène dans un pauvre coin de sous-sol londonien en guise de décor, une musique particulièrement atroce composée sur synthétiseur Bontempi, des acteurs exécrables... Bref : le pur nanar des abominables années 80...

-Taisez-vous ! Il y a des nostalgiques de l'ère Tapie/Mitterrand/Goldorak : c'est peut-être ces trentenaires que vous pourriez tenter de séduire...

-Il serait étonnant qu'ils accrochent à un truc pareil...

-Alors pourquoi EN PARLER ???!!!! Vous voulez faire fuir les quelques lecteurs cinéphiles que vous avez réussi à appâter avec des classiques ? Vous voulez prendre la porte tout de suite, c'est ça ?

-C'est que...

-Fichez moi le camp ! Si vous n'êtes plus dans les 10 premiers le mois prochain, je vous congédie sans préavis. C'est bien compris ?

-Oui, patron...

Catégories : Critique
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