A nous les belles danoises ! (1978) de Werner Hedman

 

 

-Ah ! te voilà ! il faut que je te parle… Tu as cinq minutes ?

-Bah, pourquoi pas ?

-Je tenais d’abord à te féliciter pour ta citation du premier mai (le jour du travail, toi qui ne cesse de louer la sainte paresse ! l’ironie du sort est plaisante !) comme « site du jour ». Voilà qui relance nos affaires…

-Tu sais, c’est surtout les internautes indulgents qu’il faut remercier pour m’avoir sélectionné…

-Allons, allons, le big boss était satisfait mais…

-Mais ?

-Mais il pense que tu ne devrais pas en rester là ! les choristes et Collatéral la semaine dernière, c’était très bien ! valeurs sûres et montée en flèche de nos intérêts. Et voilà qu’au lieu de surfer sur un marché qui t’est favorable, de t’adapter à la demande et de créer des synergies pour booster ton capital-sympathie, tu nous balances deux films de Gérard Blain et un polar vieillot des 70’. T’es un looser ou quoi ?

-J’adore le vocabulaire que tu emploies…

-Joue les blasés, mon vieux, mais tu stagnes ! bientôt deux ans et tes chiffres ne décollent pas. Estime-toi heureux d’avoir trouvé un nouvel employeur après le dépôt de bilan de 20six et cherche à conserver ta place…

-Ca va, ça va…

-Tiens, de quoi nous parles-tu ce soir ?

-…

-Ben quoi, pourquoi ce silence gêné ?

-D’un film danois.

-Aïe, encore Lars Von Trier ! pourquoi pas mais essaye d’être percutant et de trouver une forme originale pour ta note.

-Ce n’est pas Lars Von Trier.

-Hein ? il existe d’autres cinéastes danois ? Ah, non ! Tu ne t’es pas mis en tête d’exhumer un Dreyer ? Déjà que le boss a peu apprécié que tu t’obstines dans ces dialogues platoniciens sur les classiques. Les deux premiers, OK ! mais sortir au bout de la 7ème fois un Renoir méconnu, non !

-Ce n’est pas Dreyer non plus…

-Arrête ça tout de suite ! pourquoi es-tu cramoisi ? Qu’as-tu été encore dégotter ?

-Un film érotique…

-Alors ce n’est pas fini ces simagrées ? on t’a expliqué que le genre peut-être fructueux au départ pour attirer le chaland mais qu’il n’attire jamais de commentaires. De plus, tes lecteurs ont compris que tu ne mets pas de photos, ça ne les intéresse pas ! Comment s’appelle ce chef-d’œuvre ?

-A nous les belles danoises !

-Mon Dieu ! J’imagine que tu vas pouvoir bavasser à ton habitude sur ce genre de navet pendant des pages ?

-C’est là où est mon problème : je ne sais pas quel film j’ai réellement vu…

- ???

-Oui, l’œuvre que j’ai vu se déroule dans un collège de jeunes filles étudiantes en astrologie…

-…Ben voyons !

-Il s’avère que l’influence de Vénus va juste se faire sentir en ce lieu pendant un laps de temps précis. Un inspecteur est donc envoyé en mission pour faire boire un breuvage aux donzelles et calmer leurs ardeurs que la conjonction des astres risque d’exacerber..

-C’est du Nerval, ton chef d’œuvre !

-Mais voilà qu’un autre savant a concocté une autre potion qui favorise le priapisme des mâles et l’embrasement des muqueuses féminines…

-Voilà qui est joliment dit ! le boss va être ravi ! L’intuition me vient que les deux breuvages vont être inversés…

-Tu es perspicace ! Tout cela pour mener à la partouze finale…

-…Groupons nous et demain…

-La partouze finale, disais-je, qui met un terme à divers ébats rustiques et saphiques de bon aloi (l’érotisme danois est sain et vivifiant, si tu veux mon avis…).

-Comme aurait dit Chaplin, la ruée vers l’or…gasme ! Mais je ne vois toujours pas où se situe ton problème ?

-Eh bien en voulant en savoir plus sur le réalisateur, le mystérieux Werner Hedman…

-On peut dire que tu partages les préoccupations du commun des mortels ! Moi même j’ai eu du mal à m’endormir hier soir lorsque je me suis mis à me poser des questions sur la carrière de Werner Hedman…

-Si tu me laissais terminer au lieu de railler ! En consultant la Saison cinématographique de 1979, le titre de ce film apparaît bien sauf que la notice présente un film totalement différent de celui que j’ai vu (une sombre histoire d’espionnage, si j’ai bien compris). Rien à voir avec nos Elisabeth Teissier en herbe… J’ai alors cherché à savoir ce que notre homme avait fait d’autre, pour voir s’il n’y avait pas eu une inversion titre/résumé…

-Diable, et alors ?

-La même année, Chaleurs scandinaves du même est sorti sur les écrans français mais toujours pas de trace d’apprenties astrologues.  En 1977 est également sorti Encore plus…

-T’as pas le titre original ?

-Si, J lovens tegn, pourquoi ?

-T’es irrécupérable ! je vois déjà la tête du boss quand il va lire ta note!

-… J’ai aussi retrouvé la trace d’un Folies danoises de 1975 et des Belles dames du temps jadis mais je serais incapable de t’en dire plus et c’est ce qui m’embête ! Si ça se trouve, ce sont les mêmes films re-titrés différemment.

-Quel manque de professionnalisme !

-Je voulais te demander : est-ce que je pourrais, pour une fois, ne pas faire une longue note et lancer plutôt un appel à renseignements ?

-A qui veux-tu t’adresser ?

-Je ne sais pas, aux plus érudits de mes lecteurs où à mon ami Ludo, le grand spécialiste du nanar sous toutes ses coutures…

-Demande aussi à un doctorant en civilisation danoise…

-Tu crois que tout le monde se fiche de cette note ?

-Je le crains…

-On arrête là alors et on y va ?

-Allons-y !

…

…

(au loin)

 

-Mais au fait, elles sont comment les petites danoises ?

-Ah mon vieux, à croquer ! et puis quel tempérament…

 

-Tu ne crois pas que leur réputation est usurpée ?

 

-Regarde le film ! je te recommande une petite blonde dont les char…

Catégories : Critique
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