Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2001) de et avec Alain Chabat et Gérard Depardieu, Christian Clavier, Claude Rich, Djamel Debouzze, Monica Bellucci, Dieudonné, Edouard Baer, Gérard Darmon



Pour une fois, je partais à la rencontre d'une comédie française avec entrain et des a priori plutôt favorables. D'abord en souvenir des Nuls que j'aimais tant dans ma prime jeunesse, ensuite parce que le premier long-métrage de Chabat (Didier) m'avait plutôt séduit (eh oui !), enfin parce que la critique dans son ensemble a salué ce deuxième épisode cinématographique des aventures d'Astérix comme une réussite après le désastre commis quelques temps auparavant par Claude Zidi.

Ai-je vieilli ? Est-ce que je ne comprends décidément plus rien à l'humour de mes contemporains ? Suis-je vraiment devenu allergique, non pas au rire mais au second degré ? Ce n'est sans doute pas à moi de répondre à cette question mais j'ai su dès la première scène du film que j'allais détester Mission Cléopâtre.

Par la simple manière dont Chabat filme la confrontation entre César (qu'il incarne lui-même, ce que nous concevons parfaitement puisqu'il embrasse Bellucci à la fin du film !) et Cléopâtre (madame Cassel, très belle) comme un sketch télévisé de Canal +, on comprend que le projet est mort-né. C'est malheureux à dire (parce que j'ai une tendance certaine à me répéter) mais voilà un nouvel exemple typique de l'œuvre télévisuelle boursouflée (Chabat a eu des moyens et les montre ostensiblement en ajoutant quelques effets numériques tape-à-l'œil plutôt hideux) et suintant l'arrogance « nouveau riche » des transfuges de la télé qui viennent polluer le cinéma (ma sévérité vespérale ne me fait pas oublier certaines heureuses exceptions comme le très réussi Louise-Michel).

Certes, Chabat ne joue plus dans la même catégorie que Zidi et son cinéma pantouflard, franchouillard et pachydermique mais son film ne propose aucune autre alternative comique à cet éternel « esprit » de dérision estampillé Canal + qui ne renvoie qu'à lui-même.

Finalement, je ne crois pas que ça soit le second degré qui m'agace particulièrement (je suis plutôt fan des Monty Python et des films Zucker/Abrahams) mais plutôt la pauvreté d'un univers auto référencé qui n'offre d'autres horizons que de médiocres clins d'œil à la variété (faire reprendre à des pirates les paroles de Claude François dans un film censé se dérouler en Egypte, quelle originalité !), aux comiques du petit écran (on doit se taper toute l'équipe des Robins des bois et l'abominable Jamel Debouzze), ou encore aux clips (le désolant passage où les esclaves construisent le palais au son du I feel good de James Brown) ; bref, à tout ce qui compose le quotidien de la médiocrité télévisuelle.

Il est d'ailleurs frappant qu'au niveau de l'interprétation, tous les acteurs ont l'air de jouer pour eux seuls leur propre partition. Depardieu et Clavier sont toujours dans le film de Zidi et ils sont consternants. Monica Bellucci est là pour être belle et elle se contente de l'être. Personnellement, je trouve Edouard Baer plutôt bien mais ce n'est pas le film qui le rend bien, c'est parce que j'aime habituellement ce comédien et que j'ai plutôt apprécié son numéro qui s'apparente, d'ailleurs, plutôt de ses interventions télévisées qu'à un vrai travail d'acteur. Idem pour Debouzze qui se contente de jouer le personnage de ses sketches. Mais comme j'ai horreur de ce prétendu comique dont le seul talent « comique » est d'écorcher la langue française et de bafouiller, je l'ai trouvé pitoyable.

Seul un ou deux passages m'ont fait sourire, lorsque Chabat retrouve un vrai sens de l'absurde hérité des Nuls (le documentaire sur la langouste) ou lorsqu'il joue la carte de la franche parodie (celle du film de kung-fu est plutôt réussie).

Malheureusement, ces moments ne doivent même pas faire cinq minutes en tout et ne parviennent pas à sauver du naufrage cette comédie poussive, sans rythme et sans cinéma...



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