I want you (1998) de Michael Winterbottom avec Rachel Weisz

 

 

Bien qu’il soit un cinéaste très prolifique, je n’avais vu jusqu’à présent que le premier film de Winterbottom, l’assez intéressant Butterfly kiss (l’épopée tragique et dérisoire d’une « serial-killer » et de sa copine). La découverte d’I want you ne me met pas dans les meilleures dispositions vis-à-vis de ce cinéaste. Voilà le type même du film maniéré, chichiteux à souhait et tapageur au-delà du possible qui me tombe des yeux dès les premières minutes.

Mais d’une certaine manière, Winterbottom va nous permettre de revenir sur cette épineuse question de la mise en scène et de son rapport au scénario. Nous l’avons suffisamment affirmé : un scénario n’a aucune importance et n’est, en tout cas, jamais gage de réussite d’un film (sinon, pourquoi toutes les grandes adaptations des classiques de la littérature sont, en général, des ratages ?). Nous devrions donc être satisfait puisque ici, le récit pourrait se résumer sur un ticket de métro. Un meurtre a eu lieu dans le passé. Martin sort de prison et revient sur les lieux du crime pour retrouver Helen, sa complice qui fut également son amoureuse. Autour de la jolie jeune femme tourne également un ado mutique dont la principale occupation de la journée semble être d’enregistrer les gens à leur insu...

 

 

Que fait le cinéaste de cette trame légère ? Rien. Car autant il est possible de faire de la mise en scène avec une matière romanesque très dense (Cf. Woody Allen ou Pedro Almodovar), autant une exhibition racoleuse d’effets de cinéma ne fait pas forcément une mise en scène. Or comme son récit ne présente pas le moindre intérêt, Winterbottom en rajoute un maximum sur l’habillage : images filtrées (tout le début du film, l’image est jaune) ou anamorphosées, montage clipeux, cadre incertain… Tout dans l’esbroufe et le clinquant.

Comprenez-moi bien : je ne suis pas un ayatollah du plan-séquence et du plan fixe et je ne renâcle pas toujours devant les images léchées et les montages sur-vitaminés. Ce qui m’importe, c’est que la mise en scène exprime quelque chose, que la forme soit en adéquation avec le fond et qu’elle témoigne (même si le terme est ronflant) d’une pensée. Lorsque dans Element of crime, Lars Von Trier utilise aussi des filtres orangés pour donner cette teinte glauque à son film, je comprends qu’il cherche à donner une vision d’une Europe déliquescente et putride. Lorsque Wong Kar-Waï pousse à l’extrême la sophistication de ses images et de son montage, c’est à la fois pour nous plonger dans un univers urbain totalement contemporain et travailler également d’une manière extraordinaire la temporalité (ce mélange de ressassement mélancolique et de vitesse inexorable). Dans I want you, rien ! du tape-à-l’œil, du clinquant mais aucun point de vue.  

 

 

Prenez ce fameux ado muet et voyeur : comme par miracle, il arrive à toujours être sur les talons des personnages, parfois même de deux en même temps (on ne sait même pas si c’est une incohérence car Winterbottom n’a aucun sens de la spatialisation et on ne sait jamais vraiment où l’on est).  Mis à part de vieux relents de naturalisme rance (avec bien entendu ce déterminisme qui pousse celui qui a tué une première fois à répéter son geste !) , le film n’a rien à dire. Pas de pensée, pas de personnage (le personnage de la sœur du muet ne semble être là que pour ajouter une pincée de sexe au film), seulement de « belles » images publicitaires (tendance « trash » et glauque).

 

 

Aucun intérêt !  

 

 

 

 

 

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