Da Vinci code (2006) de Ron Howard avec Tom Hanks, Audrey Tautou, Jean Reno, Etienne Chicot

 

 

Mon titre de docteur m’oblige à faire certaines expériences et à vous livrer le fruit de mes travaux. Je suis en mesure de vous révéler aujourd’hui un des principaux motifs de corruption des mœurs de notre époque et de la déliquescence de notre civilisation, rien de moins. Après moult recherches, j’en suis arrivé à la conclusion que ce virus dangereux se nomme « femme », créature remontant à la plus haute Antiquité (comme aurait dit notre maître Alexandre Vialatte) mais ne craignez rien, je ne vous infligerai pas un historique. Pourquoi une telle certitude ? Parce que pas plus tard qu’hier, j’en ai fait la cruelle expérience à mes dépends et il a suffit d’un doux regard et d’un sourire mutin pour que je déroge à trois de mes principes les plus sacrés. Moi dont la droiture morale (hum !) n’a d’égale que la rigueur intellectuelle, moi qui me disait incorruptible et inflexible ; voilà que pour la première fois de mon existence, j’ai mis les pieds (et tout ce qui s’ensuit !) dans un multiplexe, ces immondes supermarchés que j’étais bien décidé à boycotter. Un battement de cil et voilà ce premier principe oublié et traîné dans la boue. Et pour voir quoi ? Un gros blockbuster yankee ayant bénéficié d’un matraquage publicitaire honteux. Enfin, troisième entorse à ma conduite quasi-monacale : le film était diffusé en version française !

Ca ne s’arrête pas là ! Vous savez ce que raconte Da Vinci code ? (oui, vous le savez, à moins de revenir d’un séjour de trois mois au Tchad) Que notre Seigneur Jésus Christ aurait eu une descendance avec Marie-Madeleine (une femme pardi !) et qu’Audrey Tautou serait l’un des derniers rejetons de la lignée (désolé de vous révéler un des secrets de la fin mais, au moins, je vous aurais permis d’économiser plus de 8 euros). Ben voyons ! Voilà une nouvelle preuve du pouvoir pernicieux et nocif de la gent féminine dont l’unique but est désormais de gouverner nos esprits par le mensonge et la manipulation ! Vous verrez bientôt qu’elles prétendront que Ségolène Royal est de gauche ! On aura alors tout vu ! 

 

 

Trêve de digressions oiseuses : venons-en au fait et à cette fameuse adaptation du best-seller de Dan Brown. Autant vous le dire tout de suite, je n’ai pas lu le livre et je me fiche éperdument de tout le galimatias pseudo-théologique qu’il met en branle. Les évangiles apocryphes, la nature divine du Christ, Constantin et le Concile de Nicée, les templiers, l’Opus Dei, le Saint Graal et tutti quanti, je m’en tamponne à peu près autant que de la coupe du monde des milliardaires simiesques ou de la finale de Roland-Garros (marre du sport !). Je ne partais donc pas dans les meilleures conditions pour découvrir ce film. Mais aussi mauvais soit-il (il l’est !), Da Vinci code m’a presque donné envie de lire le roman. Parce que ce qu’il y a de mieux dans le film, c’est cette intrigue tarabiscotée où excellent les romanciers américains. Si l’on oublie la dimension mystico-foireuse, je pense que le livre de Dan Brown doit être un excellent thriller rondement mené.

 

 

Malheureusement, ceux qui ont participé à l’immense entreprise de propagande accompagnant la sortie du film ont oublié de préciser qu’il était réalisé par l’exécrable Ron Howard, cinéaste aux semelles de plomb, incapable d’apporter la moindre petite patte personnelle à cette grosse machinerie. Même une figure de style aussi banale que le champ/contrechamp , Howard n’est pas capable de la réussir et se sent obligé de procéder à des petits mouvements de caméra merdeux. Voilà un film où on a le sentiment que pas un instant le cinéaste ne sait où poser sa caméra et  qu’il compense son incapacité par la bougeotte. A ce titre, les scènes d’actions sont atterrantes (Audrey Tautou en cascadeuse de choc) : pas cadrées, montées en dépit du bon sens (le bon sens étant celui de la visibilité du  spectateur ! ) et filmées à la hache. Idem pour les flash-back qui sont d’une égale laideur. Tout cela pue la retouche virtuelle et la reconstitution informatique et tous ces moyens colossaux pour aboutir à quelque chose d’hideux et sans la moindre poésie. A ce titre, les séries Z d’Amando de Ossorio sur les morts-vivants templiers sont autrement plus réussies que les visions des templiers par Howard.

Le seul petit intérêt du film vient de l’intrigue, d’un scénario suffisamment alambiqué pour tenir les sens en éveil. Ceci dit, c’est vrai au début et retombe vite comme un soufflet dans la mesure où le cinéaste ne construit rien et se contente d’accumuler des scènes de révélations. Il n’y a pas de progression dramatique : juste une (trop) longue succession artificielle d’énigmes trop vites résolues.

 

 

Au milieu de tout ce fatras, Tom Hanks est aussi nul qu’à l’accoutumé, limitant son jeu à un froncement de sourcil. Jean Reno n’est pas mieux en flic fanatisé. Quand à Audrey Tautou, elle s’est assez mal doublée mais on succombe à son charme même si elle est largement sacrifiée par le film , Howard limitant son rôle à celui de la jolie potiche. Mais ce n’est pas elle qui est en cause, contrairement à ce qu’affirme un camarade blogueur voisin. A moins que je sois aveuglé par la grâce du sourire d’Audrey ?

Peut-être encore un coup des femmes, ma foi…

Retour à l'accueil