Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock (1971) de Fernando Di Leo avec Klaus Kinski

 


 

 

 

Après nous être penchés sur quelques films à haute teneur polémique, revenons dans de bien plus familiers pénates. L’homme fourbu d’avoir foulé de nombreux paysages cinématographiques aime à retrouver la douce sensation de retrouver un terrain conquis, une terre promise offrant les mêmes charmes immuables. Dans ce pays de la série Z italienne, les conflits s’apaisent, les guerriers baissent leurs armes et tous respirent le même air apaisant. C’est l’attrait du familier, d’un univers à base de châteaux sinistres, de savants fous, de jolies jeunes femmes savamment dévêtues puis taillées en pièces. C’est la récompense de l’honnête homme qui sait savourer les milles plaisirs de ces invraisemblables nanars où le laisser-aller le plus absolu confine à un certain génie dadaïste.

 


 

 

 

Flash-back. En 1973 sort en France ce film de Fernando Di Leo, obscur petit tâcheron transalpin dont quelques thrillers musclés et navets sexy sortirent en France les premières années de cette décennie faste que furent les 70’, sous le titre des insatisfaites poupées érotiques. Re-belote aux débuts des années 80 où l’impérissable chef-d’œuvre sort dans le circuit porno (mon Dieu, Klaus Kinski dans un film X !), doté à l’occasion d’un titre à rallonge (signalons pour la petite histoire qu’il n’y a absolument aucun docteur Hitchcock dans le film ! Vouons aux gémonies cette habitude des titres mensongers ! J’ai encore en mémoire Michel Vocoret intitulant un de ses films Qu’est-ce qui fait craquer les filles ? sans que l’œuvre réponde le moins du monde à la question. Allez-vous étonner que lesdites filles soient ensuite trucidées à l’arme blanche par des garçons attendant la réponse !)

 


 

 

 

Bref, de quoi est-il question dans ce film ? D’insatisfaites poupées ? Certes ! Le château, qui fait office ici de clinique, est peuplé uniquement de membres de la gent féminine, ce qui ne peut que réjouir les natures d’élite et les esthètes en mal de plaisirs raffinés. D’autant que leur « maladie » se traduit souvent par une nymphomanie chronique (grand moment où la patiente se dévêt prestement dans une serre et déclame au jardinier moustachu sur qui elle a jeté son dévolu cette phrase d’anthologie : « Fais-moi ce que tu fais à tes plantes » ! Doit-on supposer qu’elle désire être arrosée ? Je ne m’aventurerai pas plus loin dans l’ornière de ces chemins salaces !). Tout est prétexte pour que nos héroïnes se trémoussent cul nu et se malaxent (elles-mêmes ou en s’entraidant mutuellement, solidarité féminine oblige !) voluptueusement les chairs que certaines ont délicieusement rebondies (ma préférence allant pour cette déesse callipyge à la peau café au lait !).

 


 

 

 

Entre-temps, parce que nous ne sommes pas censés être seulement devant un film érotique, un maniaque à cheveux longs et blonds dessoude quelques poupées à coups de hache, de couteau et même d’arbalète ! Je n’ai jamais vu une intrigue aussi  lâche et aussi désinvolte : les meurtres n’intéressent visiblement personne sauf dans le dernier quart d’heure (ben oui, le réalisateur a du se dire qu’il était temps de fermer la boutique), le coupable a été juste choisi pour sa ressemblance avec Kinski (d’où fausse piste et retournement de situation finale !) et le récit est totalement incohérent. D’une certaine manière, nous sommes face à une version totalement dégénérée de Six femmes pour l’assassin de Bava. Sauf qu’il n’y a ici aucune mise en scène mis à part quelques collages hasardeux quasi-dadaïstes ! Je pense à cette scène où une jeune infirmière, émoustillée par le massage qu’elle a offert à sa patiente café au lait (ma préférée, vous suivez ?), se met soudain à se masturber en attendant qu’elle sorte de la salle de bain. Gros plans impudiques (il y en a deux ou trois dans le film, ils sont assez surprenants et donc assez beaux) puis raccord improbable : la voilà en tenue décente (enfin presque : culotte et soutien-gorge) pour prononcer une autre phrase d’anthologie pendant que l’autre se dandine en rythme : « Cette musique doit te rappeler ton pays ! »

 


 

 

 

Voilà, voilà… On repère également un Klaus Kinski qui traverse en zombie le film et qui nous rappelle qu’il ne fut pas seulement l’alter-ego d’Herzog mais également un pilier de la série Z européenne (j’aimerais beaucoup voir les films qu’il a tournés avec Franco).

C’est totalement nul et donc irrémédiablement indispensable !

 


 

 

 

 


 

 

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