L’emmurée vivante (1977) de Lucio Fulci avec Jennifer O’Neill

 

 

 

Je ne veux pas avoir l’air de mépriser Lucio Fulci, cinéaste estimable, mais je confesse humblement qu’une fois de plus, il ne m’a pas totalement convaincu. Avant de devenir docteur-es bidoche à tous les étages (Frayeurs, l’au-delà), il s’essaya à tous les genres, de la comédie (je l’ai déjà écrit mais je rêve de découvrir ses films avec Franco et Ciccio) au western en passant par le thriller musclé. L’emmurée vivante relève de cette dernière catégorie : un récit policier saupoudré d’un peu de parapsychologie (l’héroïne ayant des visions cauchemardesques qui lui permettent de voir en détails le déroulement d’un meurtre mystérieux).

Je n’ai pas grand chose à dire de ce film. Une fois de plus, Fulci prouve qu’il n’est pas dénué de talent et les scènes de visions sont plutôt très bien. Le cinéaste utilise à merveille le décor, les objets jouant (comme on dit dans le jargon) et s’amuse avec de petites plongées qui écrasent les personnages tout en faisant ressortir un objet (une lampe rouge). Par intermittence, Fulci nous surprend par un plan très beau, une idée visuelle intéressante, un cadrage insolite (ces plongées verticales dans les cages d’escaliers).

Malheureusement, pour jouir d’une minute de bon cinéma, il faut s’en coltiner vingt de dialogues ineptes, de mise en scène plan-plan ou très vieillie (l’abondance de zooms agressifs) et de prestations hasardeuses des comédiens (nous exceptons bien évidemment de ce jugement sévère la splendide Jennifer O’Neill qui a du faire rêver des générations d’adolescents dans Un été 42).

Fulci n’a malheureusement pas la fougue flamboyante d’un Bava ou d’un Argento et se contente d’ailleurs souvent de recopier sans réel génie des recettes déjà largement éprouvées. Après avoir démarqué Léone dans ses westerns et avant de piller Romero avec ses films de morts-vivants, il nous concocte ici une traditionnelle intrigue de « giallo » à la Bava.

Tout cela n’a rien de très bouleversant mais ce n’est pas désagréable : on suit sans déplaisir la manière dont les embrouillaminis du récit se dénouent, et la façon qu’a le cinéaste d’introduire l’élément fantastique (par des petites références à Edgar Poe) est plutôt agréable.

Pour modérer mon jugement sévère, je dois bien concéder que Fulci se distingue de la masse des tâcherons du bis transalpin par l’indéniable soin qu’il apporte à ses œuvres (même si du côté du scénario, ça flotte souvent un peu) et par son respect pour les genres qu’il aborde.

Lorsqu’on voit un film de Fulci, on sait parfaitement ce qu’on va voir et on peut avoir la certitude qu’il ne va pas se moquer de son spectateur. C’est à la fois ce qui le rend moultement sympathique mais qui fait aussi sa limite : on sait déjà de visu qu’on ne verra pas plus que le programme annoncé et que ça ne nous emmènera pas vers des sommets…

  

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