Le jour d’après (2003) de Roland Emmerich avec Dennis Quaid, Jake Gyllenhaal

 

 

Il suffit maintenant qu’il fasse beau trois semaines d’affilées en été ou que nous connaissions un hiver particulièrement doux pour que nous soyons bassinés sans arrêt avec le réchauffement de la planète ! Nonobstant le fait que nous avons connu un mois d’août totalement pourri et que nous nous sommes gelés les miches pendant six mois l’hiver dernier, voilà qu’on nous invite à des gestes « citoyens », à faire le boulot des gros industriels en triant nos déchets et à éteindre nos lumières le plus souvent possible. Le tout sans toucher, bien entendu, au lobby de l’automobile et aux grands groupes pétroliers ! Tout cela m’agace et, à dire vrai, si le réchauffement climatique permet d’augmenter l’espérance de vie des terrasses de cafés et des minijupes en réduisant celle du tourisme en montagne et des stations de sport d’hiver où vont s’agglutiner les hordes grotesques de moutons en combinaisons multicolores, je suis pour (comme dirait notre poète national) !

A ce moment précis de votre lecture, vous vous demandez sans doute ce que viennent faire ici ces ineptes considérations météorologiques que vous auriez à peine osé échanger avec votre voisine du 8ème ce matin dans l’ascenseur ? Eh bien ! Sachez que le réchauffement de la planète est le thème principal du film le jour d’après. Et dans la mesure où il est signé Roland Emmerich, vous pouvez bien imaginer que c’est du 100% testostérone, du blockbuster sévèrement burné qui ne se préoccupe absolument pas des terrasses de cafés et des minijupes ! (Truffaut avait bien compris qu’il n’existe pas au monde de spectacle plus beau que celui des jambes des femmes : c’est pour cette raison qu’il est inégalable et qu’il nous manque autant !).

L’œuvre passée de notre bonhomme, passant de spielbergeries teutonnes (Joey, Moon 44, le principe de l’arche de Noé) au permis poids lourd yankee (Independence day, Godzilla), témoigne qu’il n’a jamais fait dans la dentelle et qu’il a toujours préféré aux froufrous féminins les gros durs virils incarnés par des hommes tenant plus du croisement de pitbulls et de supporters du PSG que du comédien (Jean-Claude Van Damme, Dolph Lundgren, Jean Réno, Mel Gibson…). 

 

 

Bref, la terre va mal, la terre est en danger. Parce que les politiques ne veulent pas écouter un scientifique (hum ! Dennis Quaid en climatologue distingué ! Pourquoi pas David Douillet en rosière de sous-préfecture !) qui annonce clairement les dangers des changements climatiques (et hop, un petit coup de griffe à l’administration Bush ayant refusé de signer le protocole de Kyoto) , le monde se réveille un jour sous des cieux menaçants et un climat totalement détraqué. Ce qui se profile désormais à l’horizon, c’est une nouvelle ère glaciaire et la nécessité absolue de se réfugier dans les pays du sud. Tandis que les populations se dirigent donc vers le Mexique (encore un petit coup de griffe à la politique américaine de fermeture des frontières), notre scientifique patenté se souvient qu’il a un fils en danger (il est resté à New York) et part vaillamment à sa rescousse.

 

 

Pour être franc, les trois premiers quarts d’heures se laissent regarder. C’est filmé avec une pelle à chenilles (Emmerich oblige !) mais de manière assez décorative. On nous offre un panel assez spectaculaire de toutes les catastrophes climatiques envisageables : pluies de grêlons gros comme des ballons de foot, tornades, raz-de-marée, tempêtes de neige…Même si tout cela transpire le numérique à plein nez, la vision de ces flots d’eau qui envahissent les rues de New York reste assez impressionnante.

Ensuite, c’est le néant. Scénario bête à pleurer qui ne fait que démarquer les scénarii catastrophes des années 70 et les remettre au goût du jour ; le goût du jour consistant en une surenchère d’effets spéciaux. Au final,  nous nous retrouvons face à un film-mammouth, adipeux à souhait et terriblement emmerdant.

Nous en parlions à propos des deux Spider-Man de Raimi, ce qui distingue un vrai cinéaste d’un tâcheron, c’est sa manière d’introduire un brin d’humanité dans de la grosse machinerie. Ici, tout ce qui concerne les rapports humains est consternant de sottises et de niaiseries dégoulinantes.  Tout est lourd, appuyé et totalement plaqué (les rapports père/fils sont totalement ridicules). Pour m’énerver encore plus, le film a la mauvaise idée de montrer des personnages enfermés dans une bibliothèque et qui ne trouvent qu’un moyen pour se chauffer : brûler les livres. Du coup, je ne sais pas ce qui m’horripile le plus dans Le jour d’après : les yeux de poissons morts de l’eunuque au charisme de moule Jake Gyllenhall, l’anonyme pouffiasse qui crache sur Nietzsche en le qualifiant de « chauvin amoureux de sa sœur » ou le crétin bien résolu à ne sauver qu’un ouvrage du criminel autodafé auquel se livrent les rescapés et qui n’est rien d’autre, je vous le donne dans le mille, que la bible !

 

 

Bref, Emmerich persiste dans sa voie du navet boursouflé et se montre aussi inepte qu’à l’accoutumé ; incapable de donner un semblant de vie à ses « exploits » technologiques (voir la plate manière dont il filme, à la Spielberg, l’effroi et la sidération sur le visage des personnages pour bien mettre en condition le spectateur).    

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