Le pirate des mers du sud (1954) de Byron Haskin avec Robert Newton (Editions Artus Films)

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Le temps des fêtes de fin d’année a beau être (déjà !) derrière nous, il n’est pas trop tard pour jeter un œil à ce petit film d’aventures qui réjouira tous les amateurs d’île au trésor (celle de Stevenson, bien entendu), de pirates, de bonnes rasades de rhum et les enfants de moins de 12 ans (voilà qui commence à faire pas mal de monde).

En 1950, Byron Haskin tourne pour Walt Disney une adaptation du roman L’île au trésor, par ailleurs remake de la version 1934 signée Victor Fleming. Il retrouve pour l’occasion son vieux loup de mer Robert Newton qui endosse à nouveau la défroque de Long John Silver pour de nouvelles palpitantes aventures (enfin, ne nous emballons pas trop quand même !).

Le film se divise en deux parties : la première se déroule « à terre », entre Long John Silver et son rival le Capitaine Mendoza qui a enlevé la fille du gouverneur. Dans un deuxième temps et suite à un certain nombre de péripéties que je me refuse à révéler ici (non, n’insistez pas !), notre truculent pirate s’en ira sur les flots pour retrouver le fameux trésor déjà convoité dans le premier opus…

 

Confessons un certain goût pour les personnages de pirates au cinéma qui incarnent toujours une alternative joyeuse et libertaire au pouvoir et à la Loi. Et souvenons-nous avec un peu d’émotion de l’excellent Corsaire rouge de Robert Siodmak (avec Burt Lancaster) ou de Barbe Noire le pirate de Raoul Walsh. Si Byron Haskin n’est pas de la trempe de ces cinéastes, on retrouve néanmoins cette dimension « subversive » lorsque Long John prouve à son jeune compagnon (Jim Hawkins) que les hommes d’église qui récitent sans arrêt des prières ont parfois moins de cœur que les plus incrédules des corsaires. Voilà qui nous change des couplets souvent assez moralisants auxquels nous a habitué le cinéaste.

En effet, Haskin fait partie de ces braves artisans un peu anonymes qui firent aussi Hollywood. Ce qui gêne un peu chez lui, c’est que son cinéma n’a ni le charme du cinéma bis totalement fauché et improbable (on sent toujours qu’il a eu, malgré tout, quelques moyens) et que ses mises en scène, toujours un poil laborieuses, n’ont jamais le tonus et l’inventivité des petits maîtres de la série B (Joseph Lewis, Allan Dwan, Bud Boetticher…). Même si je préfère sa version à celle de Spielberg (hé, hé), sa Guerre des mondes est plutôt médiocre et je n’ai pas non plus été convaincu par sa Conquête de l’espace.

 

De ce point de vue, Le pirate des mers du sud est plutôt une bonne surprise. La mise en scène m’a paru un poil plus alerte (même si l’œuvre n’est pas dénuée de quelques longueurs) et le film bénéficie du Scope et d’un Eastmancolor qui enchantera les pupilles des nostalgiques des couleurs pétantes des années 50.

Dans le bonus (toujours dense chez Artus) du DVD, Pierre Dubois note une certaine parenté avec Les contrebandiers de Moonfleet de Lang en raison du rapport filial qui unit Long John Silver et Jim Hawkins. Il faut s’avoir raison garder : il s’agit en premier lieu d’un divertissement familial (comme on dit dans Télé 7 jours !) qui mise avant tout sur le spectacle : abordages, aventures exotiques, rivalités, trahisons, combat à l’épée et même une pincée d’humour à travers ce personnage féminin qui cherche absolument à épouser Long John.

Tout le monde l’aura noté, le film vaut également pour la prestation de Robert Newton qui endosse à nouveau le rôle de Long John Silver après les aventures de L’île au trésor, après avoir également incarné le Barbe Noire de Walsh. Je sais qu’il est de bon ton pour un loup de mer de cabotiner et, pour le coup, constatons que le résultat est un festival de roulements d’yeux et de joyeuse gouaille où les R n’en finissent pas, eux non plus !, de rouler.

Cette truculente prestation achève de rendre plutôt sympathique ce petit film d’aventures sans grandes surprises mais qui se regarde sans le moindre déplaisir.

Tous à l’abordage, moussaillons !

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