M.A.S.H (1970) de Robert Altman avec Donald Sutherland, Elliott Gould, Robert Duvall

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Tourné au moment où l’Amérique de Nixon s’enlisait au Vietnam, M.A.S.H (qui reste aujourd’hui l’un des films les plus célèbres d’Altman) est une féroce satire du militarisme yankee et un violent réquisitoire contre la guerre en général.  A travers les aventures quotidiennes en Corée d’une joyeuse troupe de chirurgiens militaires, le cinéaste livre une farce « hénaurme » qui oscille entre le théâtre de Jarry (Ubu roi) et un comique troupier… à la Philippe Clair.


Le film a beau bénéficier d’une reconnaissance unanime et avoir reçu la Palme d’or à Cannes en 1970, il me paraît assez surestimé sans pour autant être désagréable (je n’aime pas beaucoup le cinéma d’Altman et celui-ci me paraît être l’un des plus supportables, quoique inférieur à Nashville). Construit sur une succession de saynètes reposant sur les mêmes principes de mise en scène (des plans-séquences dont l’harmonie est brisée par d’assez vilains recadrages au zoom), le film s’avère assez inégal et certains gags ne s’élèvent pas beaucoup plus haut que ceux que l’on peut trouver dans les comédies de bidasses hexagonales (par exemple,  le coup de « Lèvres  en feu » que nos trouffions surprennent sous la douche en soulevant sa tente). Pour être tout à fait honnête, je trouve que dans l’ensemble l’humour de M.A.S.H s’avère assez laborieux et plutôt poussif.


Ce qui séduit davantage dans cette comédie post-68, c’est le côté baba-cool d’une équipe de chirurgiens qui professent un antimilitarisme assez roboratif et qui ne pensent qu’aux filles et aux mauvais coups à faire pour défier l’autorité. La charge subversive du projet ne va pas très loin (Altman n’est pas Georges Darien) mais ce pied-de-nez insolent à toutes les valeurs de l’Amérique puritaine (l’armée, la famille,  la patrie, la religion, le mariage…) est assez plaisant.


Le plus réussi reste sans doute cette manière qu’a le cinéaste de faire de chaque instant vécu par ses personnages une allégorie de la guerre tout en la tournant en dérision (que ce soit quand il filme le sang qui gicle lorsque les chirurgiens soignent les blessés et pratiquent leur art ou lorsque l’équipe du camp en affronte une autre le temps d’un match de football américain devenu assez légendaire).  Altman reste un grand cynique : si les hommes veulent s’amuser à la guerre, au foot ou à celui qui pisse le plus loin (comme le chantait fort justement Renaud), qu’ils le fassent.


Il ne reste plus alors qu’à rire de ces folies, de ce sang versé pour de fausses idoles (que ça soit Dieu, une idéologie ou un quelconque Etat) et en montrer l’absurdité totale…

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