Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour… (2010) de Pascal Thomas avec Marina Hands, Julien Doré, Guillaume Gallienne, Noémie Lvovsky, Bernard Menez

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Avouons qu’en ce moment, c’est plutôt « Waterloo, morne plaine » quant aux nouveautés qui sortent sur nos écrans. Il faudra probablement attendre le début du festival de Cannes pour avoir des plats plus consistants à se mettre sous la dent.

Sortie en catimini et ne bénéficiant pas d’une bonne presse, je suis néanmoins allé voir par dépit le dernier film de Pascal Thomas, cinéaste que je respecte énormément et dont j’aime bien les films, que ce soit ses comédies libertaires pleines de verve (La dilettante, Le grand appartement…) ou ses adaptations malicieuses d’Agatha Christie (Mon petit doigt m’a dit…, Le crime est notre affaire…) sans parler de ses films plus anciens.

 

Avec Ensemble, nous allons vivre…, le cinéaste change de registre et opte pour la comédie romantique. Et force est de constater que ça débute très, très mal avec une bluette assez insipide où le cinéaste se cantonne à accumuler les cartes postales bucoliques. A force de voir les amants platoniques déambuler dans les champs ou naviguer sur une rivière aux mille reflets, on n’a plus qu’une envie : un grand bol de pollution urbaine, des rues glauques new-yorkaises et des bars enfumés !

Cet amour qui naît entre Dorothée (Marina Hands) et Nicolas (Julien Doré) est dénué de tout intérêt et on se demande ce que Pascal Thomas a voulu faire. Parfois, on se dit qu’il cherche à renouer avec le « nouveau naturel » de ses débuts (Les zozos, Pleure pas la bouche pleine…) mais il ne parvient jamais à ancrer son film dans une époque. Au départ, j’ai même cru que nous étions dans les années 60 puisque les tourtereaux vibrent au cinéma devant Docteur Jivago et tant le tableau de cette France rurale paraît sans âge mais on réalise au moment de la partie parisienne que nous sommes à l’époque contemporaine.

Qu’un film soit « hors du temps » n’est pas forcément un défaut mais, ici, ça le devient car tout semble assez artificiel.

 

Lorsque les personnages débarquent à Paris, le film devient un peu plus intéressant. Il manque encore cruellement de rythme et l’idylle amoureuse est toujours, malgré ses rebondissements téléphonés, sans intérêt (d’autant plus que si Marina Hands est craquante à souhait, Julien Doré –vous ne me croirez sans doute pas mais j’ai dû regarder sur Internet pour savoir qui c’était !- a le charisme d’un plat de tagliatelles froides et qu’il se révèle assez mauvais comédien).

Mais le cinéaste parvient à croquer quelques seconds rôles assez croquignolets. Ca avait déjà commencé dans la partie campagnarde avec deux apparitions savoureuses de Bernard Menez (excellent, cela dit sans aucune ironie) et celle haute en couleurs de Noémie Lvovsky (on ne dira jamais à quel point cette femme est une très bonne actrice) et ça se poursuit à Paris où l’on rencontrera un tailleur sourd-muet très drôle (Guillaume Gallienne) et un responsable libidineux d’un bureau de placement lui aussi assez désopilant.

Ces quelques traits d’humour caustique et/ou noir qui passent grâce aux seconds rôles poussent à une certaine indulgence, d’autant plus qu’on conserve un certain respect pour l’œuvre de Pascal Thomas.

Mais avouons que dans l’ensemble, cet Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour… s’avère plutôt platement filmé et un brin décevant…

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