New York 1997 (1981) de John Carpenter avec Kurt Russell, Lee Van Cleef, Donald Pleasance

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La découverte toute récente de Los Angeles 2013 m’a donné envie de revoir New York 1997, première apparition de Snake Plissken à l’écran. Expérience troublante puisque non seulement l’un est la suite de l’autre mais parce qu’il s’agit également d’oeuvres « jumelles » ; Carpenter réalisant en quelque sorte un remake de l’œuvre originelle quinze ans après.

Mais comme le disait fort justement Marx, lorsque l’histoire se répète, c’est d’abord en tragédie puis en farce.

New York 1997 est, effectivement, un film plus « sérieux » et, soyons honnête, moins jubilatoire que Los Angeles 2013 même si les éléments du récit sont les mêmes et reposent sur des ressorts dramatiques identiques (le compte à rebours qui oblige Plissken a sauver un président dont il se fiche éperdument, la confrontation avec un chef de gang dangereux et même l’affrontement « sportif » qui voit la population virer sa cuti pour soutenir le borgne magnifique).

New York est donc devenue, dans un futur proche, une prison à ciel ouvert où se retrouve regroupée la lie de l’humanité. Suite à un détournement de son avion, le président américain est retenu prisonnier au cœur de cette cité inhospitalière. Le détenu Snake Plissken est appelé en renfort pour libérer l’homme d’état et obtenir sa grâce…

Œuvre futuriste relevant aussi bien de la science-fiction que de l’anticipation musclée (Kurt Russell composant un anti-héros viril et taiseux bien plus sympathique que ceux incarnés à la même époque par les Stallone et autre Schwarzenegger), New York 1997 s’inscrit également dans la droite lignée des premiers films de Carpenter. 

La vision nihiliste d’une humanité gangrenée par le chaos et la croissance exponentielle de la criminalité rappelle Assaut tandis que le parcours de cet homme solitaire, traqué par les barbares, annonce Fog. Ce regard noir se traduit également, dans la forme, par une mise en scène tranchante, à hauteur d’homme. Héros « hawksien »,  Snake Plissken est avant tout un individualiste qui reste attaché à un certain code d’honneur « à l’ancienne » (voir la manière dont Snake reproche à un de ses anciens compagnons, incarné par Harry Dean –Paris Texas- Stanton, de l’avoir trahi). Comme Assaut, Halloween ou Fog, New York 1997 est un western (même s’il est déplacé dans le futur) où le cinéaste s’attache à la trajectoire d’un homme luttant à chaque instant pour sa propre survie.

Sauver le président n’a ici aucune valeur « patriotique » (c’est l’anti-Independance day !) puisque Snake ne reconnaît pas cet homme (incarné par un Donald Pleasance cauteleux à souhait) comme SON président. Il s’agit donc d’une mission où ne prime que l’intérêt du héros, jusqu’au final réjouissant où, de rage, il détruit tout ce qui représente une « civilisation » qu’il vomit (avec ses larves politiciennes et leurs bombes atomiques).

Encore une fois, la charge de Carpenter est ici désamorcée de l’humour ravageur qui fera le charme de Los Angeles 2013 : on reste dans une vision nihiliste et extrêmement pessimiste, valant surtout pour la façon dont les codes du western (le duel, la fuite à travers un espace piégé…) sont réutilisés dans le cadre d’un film d’anticipation.

Certains aspects du film ont sans doute un peu vieilli (la musique synthétique écorche profondément les oreilles !) mais il n’est pas inintéressant de voir comment un futur proche (qui est désormais, pour nous, un passé presque lointain !) était envisagé par le cinéaste à l’époque. On constatera qu’il avait vu assez juste quand au délire sécuritaire et paranoïaque des Etats-Unis et que son tableau obscur d’une société isolant ses pauvres dans des prisons à ciel ouvert (appelez ça comme vous voulez, ghettos ou banlieues pourries) n’a rien à envier à ce que l’on peut voir dans certaines de nos contrées.

Le futur devenu passé ressemble toujours étrangement à notre présent…

 

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