Cinématon 1801-1831 (1996-1997) de Gérard Courant

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Patrick Besson Cinématon n°1803

 

Après deux étapes haletantes et riches en rebondissements, nous avons repris le cours normal de notre marathon. Pour être tout à fait franc, le chemin parcouru n'a pas été désagréable mais ne nous a pas tellement surpris. Maintenant que l'habitude commence à se faire sentir, les portraits découverts aujourd'hui peuvent presque paraître un brin routiniers, à l'image de cette série italienne que Gérard Courant réalisa au festival de Taormina à la fin de l'année 96.

 

De ce séjour, on retiendra quelques gracieux visages féminins baignant dans une belle lumière (par exemple, Branco de Camargo, n°1817), un journaliste qui a un faux air de Claude-Jean Philippe (Stefano Della Casa, n°1821) et, surtout, la présence de deux proches de Pasolini : le cinéaste Sergio Citti (n°1823) en premier lieu, arborant le même sourire radieux que Ninetto Davoli (n°1824), le comédien fétiche de l'auteur du Décameron et de Théorème, qui arrive ensuite.

 

Avant cela, nous aurons croisé le chemin de l'écrivain Patrick Besson (n°1803), sans doute la personnalité la plus connue de ce parcours. Affalé sur un canapé, la tête retenue par sa main, Besson semble s'ennuyer à mourir. Il faut attendre la fin de son portrait pour voir se dessiner timidement un sourire sur ses lèvres.

 

Je ne connais pas la comédienne Marine Martin (n°1801) mais son Cinématon baigne dans un clair-obscur envoûtant qui donne une véritable intensité au visage triste qu'elle affiche (elle finit avec les larmes aux yeux). Quant à Peter Berling (n°1802), son film marque ses retrouvailles avec le cinéaste puisque Courant l'avait filmé au festival de Cannes en 1987. Il arbore toujours une cigarette et pose, cette fois, derrière des branchages.

 

Claude Trinquesse (n°1805) est sans doute celui qui tente le dispositif le plus original du lot. Il pose de dos et l'on ne voit qu'un tout petit bout de sa chevelure. Discrètement relégué aux marges du cadre, le modèle permet au spectateur de voir un moniteur qui diffuse... les images du Cinématon en train de se faire. On apperçoit donc Gérard Courant en train de tourner tandis que Trinquesse apparaît de face (mais en plan général). Vers la fin du film, notre homme ne résiste cependant pas au plaisir de rejouer le jeu de Cinématon et de revenir dans le champ, en gros plan.

Moins originale, Joséphine Jaroshevich (n°1806) commence par allumer deux grosses bougies qui occupent une bonne partie du plan. Ensuite, elle s'assied et embrasse des individus qui apparaissent dans le champ.

 

Francis Schwartz (n°1810) et Mathilde Daudy (n°1812) jouent la carte de l'expressivité en s'agitant beaucoup, en ouvrant la bouche comme s'ils articulaient exagérément les mots ou chantaient et en roulant des yeux. On constate une fois de plus que la contrainte du film muet est un facteur très déstabilisant pour les personnes filmées qui cherchent à tout prix à occuper leur temps...

 

Mais le « toujours plus » n'est jamais un gage de réussite du Cinématon, même si ces deux là restent estimables...

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