Cinématon 211-225 (1982) de Gérard Courant

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 Noël Godin Cinématon n°214

 

Pas certain que je sois dans les conditions idéales pour regarder des Cinématons mais, de toute façon, je ne peux pas non plus regarder quoique ce soit d’autre. J’ai donc poursuivi ma course d’un pas maussade et me suis arrêté, épuisé, au bout du quinzième sans avoir véritablement pris le temps de regarder ces portraits.

C’est dommage car on y croise de grands noms comme Wim Wenders (n°212), égal à lui-même, à savoir impassible, limite taciturne ; une jolie comédienne qui fume le cigare et grimace agréablement (Isabelle Méjias, n°221) et des petits malins qui « remplissent » astucieusement le cadre. Je pense à Mostefa Djadjam (n°218) qui profite de ses trois minutes pour se raser sans peur de barber le spectateur ou au cinéaste Jean-Pierre Rouette (inconnu au bataillon : n°216), qui joue d’abord du violon puis fait mine de se tirer un coup de revolver dans la tempe (j’en parlais il y a peu : voilà le type d’attitude « extrême » qu’induit immédiatement la relation regardeur/regardé) avant de quitter le champ et laisser la caméra enregistrer en arrière-plan des types jouant au football dans un jardin public.

Cette étape fut également l’occasion de revoir pour la quatrième fois l’un des portraits « culte » de Cinématon, à savoir celui de notre cher entarteur belge Noël Godin (n°214) et de son sketch hilarant où il tente de préparer un petit-déjeuner à la machette (résultat : deux jours de nettoyage dans l’appartement prêté pour l’occasion !). Si ce portrait est sans doute l’un des plus scénarisés, renvoyant évidemment à la tradition du cinéma burlesque primitif dont Godin est l’un des derniers représentants (avec un génie tout « situationniste » qui lui a permis d’importer un genre cinématographique dans la réalité et de faire de chacun de ses « attentartes » un nouvel épisode des aventures de Mack Sennett ou de Laurel et Hardy) ; il parvient également, selon les dires de ceux qui connaissent bien le lustucru, à bien le "représenter".

Car si l’on croit ces témoins privilégiés (Courant lui-même, notre ami Charles Tatum…), Noël Godin est vraiment comme ça dans la vie, à savoir qu’il ne peut pas toucher quelque chose sans le faire tomber, sans le casser ou créer toute sorte de catastrophes de ce genre (heureux de savoir qu’il existe quelqu’un au monde de plus maladroit que moi !).

Voilà donc un Cinématon aussi drôle que révélateur de la personnalité filmée.

Une réussite, en somme…

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