Embrouilles à minettes
Echanges de partenaires (1976) de Frédéric Lansac (alias Claude Mulot) avec Moanie Munier, Dawn Cumming, Karine Gambier, Jack Gatteau
Ce n’est pas la première fois que je peste contre cette manie qu’ont certaines chaînes câblées d’exhumer des pornos de « l’âge d’or » (ce qui, en soi, est une excellente initiative !) pour les diffuser en prime time dans des versions mutilées (et sachant ce qui est mutilé, on devine que ça doit être fort douloureux !). Loin de moi l’idée de réclamer du porno hard en première partie de soirée (admettons qu’il faille davantage protéger les mouflets de ce dangereux fléau plutôt que du permanent lavage de cerveau opéré par la publicité, de la trogne omniprésente de notre président de la « raie publique », des jeux vidéos débilitants ou de l’esprit braillard et nationaliste du sport…) mais ne pourrait-on pas envisager une vraie politique de redécouverte de ce genre méprisé (pourquoi y aurait-il moins de films réussis dans le genre pornographique que dans le kung-fu qui bénéficie aujourd’hui de l’intérêt de certains cinéphiles branchés ?) avec des diffusions plus tardives des œuvres dans leur intégrité plutôt que de nous infliger ces ersatz expurgés qui ne sont dès lors que des appâts vulgaires sortis de l’esprit de programmateurs sans imagination cherchant à racoler le chaland !
Certains se demanderont néanmoins si l’on perd vraiment beaucoup à ne visionner qu’une heure 15 d’Echanges de partenaires plutôt que les 1 heure 30 originelles.
Certes, le film est plutôt médiocre mais il n’empêche qu’il a été réalisé par l’un des pionniers du genre (Claude Mulot, qui signait ses films pornos Frédéric Lansac) dont certaines œuvres sont loin d’être inintéressantes (Shocking ou le mythique Sexe qui parle). On aimerait donc pouvoir juger les œuvres en les visionnant de la manière dont elles ont été conçues.
Il est vrai que l’exemple de ce soir n’est sans doute pas le plus percutant pour étayer ma démonstration dans la mesure où cette histoire de couples qui se déchirent par la faute d’une croqueuse d’hommes aguicheuse (Moanie Munier) ne présente vraiment pas beaucoup d’intérêt. Le scénario semble tiré d’un quelconque roman de la collection Harlequin et la mise en scène est presque aussi endormie que la conscience d’un promoteur immobilier.
Mais il faut bien avouer que les passages qui semblaient les plus intéressants sont totalement charcutés et ne permettent pas de juger l’œuvre. Je pense en particulier à ce moment où Moanie Munier s’offre du bon temps sur une moto ou encore à cette scène de sexe collectif où Karine Gambier (la croquignolette star platine du genre à l’époque) use de son (magnifique) corps à des fins que la morale réprouve avec de nombreux motards anonymes (scène qui évoque celle que tourna Bénazéraf dans French love, si je ne m’abuse, docteur).
Le reste est assez niais, parfois complaisant (la séquence d’ouverture que je n’ai absolument pas comprise et qui laisse d’emblée sur le film une trace déplaisante) et manque d’originalité.
Comme souvent dans le genre, les comédiens ne sont pas très bons et seule Karine Gambier, en permanence sur la réserve, tire son épingle du jeu. J’aimerais bien savoir ce que cette actrice est devenue après s’être retirée du hard.
Quelqu’un a-t-il une idée ?