Sexy Paris (2013) de T.Richardson (Bach films) Sortie novembre 2014


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La seule surprise que réserve ce Sexy Paris, c'est celle de constater qu'il se tourne encore de nos jours des « mondo movies ». Le terme de « mondo » naît au début des années 60 lorsque triomphe sur les écrans Mondo cane, un documentaire crapoteux de Jacopetti et Prosperi. Le principe est simple : tourner un peu partout dans le monde pour en rapporter les images les plus sensationnalistes qui soient, qu'il s'agisse de scènes insolites, surprenantes ou à forte coloration sexuelle. A l'instar des « hygiene pictures » qui offrait un alibi « pédagogique » aux spectateurs pour leur refourguer quelques nudités, le « mondo » use du prétexte ethnographique pour justifier les images les plus choquantes.

Le succès de Mondo Cane va donner lieu à une série de succédanés de plus en plus racoleurs qui vont prendre peu à peu la place des films de  music-hall sur les écrans. Citons pour la bonne bouche le Paris secret d'Edouard Logereau, Paris top secret de Pierre Roustang ou le grotesque Sex O'clock USA de Reichenbach.

 

Sexy Paris s'inscrit dans cette lignée que l'on croyait définitivement éteinte après l'avènement du porno. Le cahier des charges du « mondo » érotique est respecté : danseuses de cabaret burlesque, actrices porno tournant avec des peluches (!), cirque libertin, safari en forêt de Fontainebleau où de gros beaufs traquent le modèle bulgare pour le photographier sous toutes les coutures (« une chasse à courre sans les chiens... mais avec des chiennes » dira élégamment un bas du front participant à cette mascarade), courses de karts seins nus, partouze avec des poupées gonflables et autres réjouissances...

Entre la barbouilleuse de croûtes pornographiques et la pauvre blondinette aux charmes stéréotypés effectuant des strip-teases en pleine rue sous l’œil égrillard des passants en passant par la poupée entièrement refaite militant pour le « parti du plaisir » ; on peut dire qu'il n'y aura pas grand chose pour ravir l’œil de l'esthète et affoler les sens de l'érotomane. Tous ces zombies qui pratiquent le sexe et l'érotisme comme s'ils allaient au supermarché sont d'une insondable tristesse. La chair est triste, comme disait l'autre, mais c'est d'autant plus vrai qu'elle est désormais entièrement réifiée et consommée comme une vulgaire marchandise. Tout cela n'est pas plus émoustillant que le compte-rendu d'un séjour présidentiel dans la Creuse ou qu'un plat de quinoa froid.

 

Réalisé par le mystérieux T.Richardson, Sexy Paris est un pur produit télévisuel bas de gamme (même si la jaquette nous apprend qu'il a été refusé par toutes les télés). Je ne sais pas si l'émission Paris dernière (autrefois animée par Taddeï) existe toujours mais ces virées dans le Paris branchouille réservaient systématiquement une séquence (la dernière) dédiée à des soirées très chaudes ou à des pratiques libertines. Eh bien Sexy Paris pourrait être une compilation de ces dernières séquences de Paris dernière.

 

Est-ce que cette vision d'un Paris libertin où l'on peut parier sur des jeunes femmes qui font des courses en rollers les nibards à l'air a toujours l'attrait qu'elle pouvait avoir il y a quelques décennies pour le provincial néophyte ? (Cf. Paris porno de Marius Lesoeur). Honnêtement, lorsqu'on entend et voit les pratiques de ces « libertins » qui n'ont d'autre liberté que celle de consommer, la réponse est non.

Et face à tous ces stéréotypes de mauvais pornos (poitrines refaites, corps entièrement épilés, échangisme vulgaire...), on préfère se replonger avec délice dans le charme désuet et naturel de l'âge d'or du X français, trois DVD également édités par Bach Films...

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