La grande cuisine (1978) de Ted Kotcheff avec George Segal, Jacqueline Bisset, Robert Morley, Philippe Noiret, Jean Rochefort, Jean-Pierre Cassel (Editions Carlotta). Sortie le 6 mai 2013

 

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Dans un numéro récent des Inrockuptibles, Jean-Baptiste Morain consacre une petite chronique à ce film qu’il qualifie de « comédie de son enfance ». Même si j’avais vu La grande cuisine il y a quelques années (je n’en gardais plus aucun souvenir mais ma « notation » de l’époque me pousse à croire que j’avais détesté !), j’ai redécouvert ce film avec un certain plaisir dans la mesure où il m’a fait songer, moi aussi, à un film lié à mon enfance : Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines.

Pourtant, à part deux comédiens à l’affiche des deux films (Cassel et l’excellent Robert Morley), rien de commun entre les deux œuvres si ce n’est une distribution cosmopolite improbable (George Segal côtoie Jacques Balutin !) et un humour britannique assez savoureux (sur un sujet pareil, l’adjectif s’impose !).

 

Comédie policière portée par un principe assez ingénieux (les plus grands chefs cuisiniers d’Europe se font assassiner de la manière dont ils préparent leurs spécialités), réalisée par le futur auteur de Rambo (Ted Kotcheff) ; La grande cuisine ne manque ni de sel (les répliques vachardes fusent avec bonheur), ni de poivre (une brochette de comédiens – Morley, Bisset, Cassel, Noiret, Rochefort…- qui incarnent avec gourmandise leurs rôles).

 

Tout n’est pas parfait et le film accuse ça et là quelques chutes de rythme. Mais dans l’ensemble, on s’amuse bien. Le rythme est alerte et la « british touch » fait souvent mouche. De plus, la beauté de la photographie (Morain a raison de souligner la singularité de ces teintes si particulières aux années 70) et la splendeur de Jacqueline Bisset contribuent à donner à l’œuvre un charme surannée délicieux.

 

Qu’ajouter à cela ? Que l’opposition entre le critique gastronomique snob (Morley) et le joyeux vendeur d’omelettes bon marché (Segal) pourrait permettre une extrapolation en terme cinématographique. Robert Morley incarne d’une certaine manière le critique de cinéma incapable de goûter à autre chose qu’aux œuvres des maîtres et il en crève à petit feu. Sans en rajouter dans la démagogie gluante, Ted Kotcheff fait une apologie assez légère du pur divertissement, d’un cinéma « fast food » (vite vu, agréable au palais mais vite oublié) destiné au plus grand nombre.

 

Et dans la catégorie des divertissements légers et enlevés, La grande cuisine mérite lui aussi sa petite médaille…

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