Après un remarquable (et remarqué) questionnaire dédié à l'érotisme, notre cher voisin Ludovic propose de plancher sur un questionnaire un peu moins frivole mais néanmoins passionnant sur la question de "La mort au cinéma".

 

Voici mes réponses et n'hésitez pas à vous prêter au jeu...

 

1 - Quel est le plus beau meurtre cinématographique ?


Sans doute celui qui est parvenu à devenir le stéréotype même en la matière : le fameux meurtre sous la douche de Psychose d’Hitchcock qui a permis tant de jolies déclinaisons (la belle scène d’ouverture de Pulsions de De Palma, entre autres) 


 

 

2 - Quel est à vos yeux le cinéaste le plus morbide ?


 Gilling, Fisher, Corman, Fulci, Freda, Bava… Je ne parviens pas à choisir.


3 - Et le film le plus macabre ?


 Le chef-d’œuvre de John Gilling avec Peter Cushing : L’impasse aux violences. En revanche, si l’on prend le mot « macabre » dans un autre sens, je dirais que les deux films les plus traumatisants dans la manière qu’ils ont d’aborder la question de la mort sont Cris et chuchotements de Bergman et Salo de Pasolini.


4 - Quel est le personnage dont la mort à l'écran vous a le plus ému ?


 Peut-être le suicide de Mouchette dans le film de Bresson.


5 - Celle qui vous a le plus soulagé ?


 Celle de Bill dans Kill Bill (Tarantino) car ce qu’on pouvait imaginer comme le climax atroce du film s’avère finalement être la mort la plus « douce » du diptyque.


6 - Quel est votre zombi favori ?


Il me semble que la principale caractéristique des « zombies » est de ne pas se distinguer de la masse de leurs congénères. Je triche donc en écrivant que mes films de zombies préférés sont ceux qui constituent la grande saga de Romero (je n’ai pas vu le sixième).


7 - Pour quelle arme du crime, gardez-vous un faible ?


 Peut-être le rasoir qui fait des merveilles lorsqu’il s’agit de trancher un œil (Un chien andalou) ou de permettre au mari éconduit de s’égorger (Une chambre en ville). Il garde également une certaine tenue chez les petits maîtres du « giallo » italien.

 


 

 



 

Notons également, pour être un peu plus original, que la vache peut constituer un excellent projectile pour repousser l’ennemi (Monty Python sacré Graal).


8 - Quelle personnification de la mort vous a le plus marqué ?


La délicieuse infirmière du Ciel peut attendre de Lubitsch. Viva la muerte !


9 - Quelle séquence d'enterrement vous a semblé la moins convenue ?


 Je ne sais pas si c’est la moins convenue mais c’est la plus belle : celle de Mirage de la vie de Sirk (Ah ! le fameux gospel !)


 

 

10 - Quel est votre fantôme fétiche ?


 Rex Harrison dans L’aventure de Madame Muir. Je préfère évidemment Gene Tierney mais comme le film de Mankiewicz est le plus beau film de fantômes qui soit…


11 - Avez-vous déjà souhaité la mort d'un personnage ?


 Qui n’a pas souhaité la mort de l’affreux Liberty Valance dans le film de Ford ? Mais je me rends compte que ce genre de souhait m’arrive davantage dans la vie qu’au cinéma. Et que je n’ai malheureusement pas les « pouvoirs » d’Archibald de la Cruz…


12 - A l'approche de votre mort, si vous aviez le temps de mettre en ordre vos affaires, quel film souhaiteriez-vous avoir la possibilité de regarder une toute dernière fois ?


 Un film de Christophe Honoré pour me dire qu’il n’y a décidément rien à regretter ici-bas ? Plus sérieusement, peut-être Pierrot le fou pour entendre une dernière fois les mots de Rimbaud (« Elle est retrouvée. Quoi ? -L’éternité. C’est la mer allée avec le soleil. ») ou un film de Jacques Demy.


13 - Pour quel tueur en séries avez-vous de la fascination ou à défaut de l'indulgence ?


 Je copie mais j’ai également beaucoup de sympathie pour Monsieur Verdoux.


14 - Quel est votre vampire de chevet ?


 Malgré toute l’admiration que je porte aux Dracula incarnés par Bela Lugosi et Christopher Lee ; je choisis la divine Linda Romay dans La comtesse noire de Jess Franco.

15 - Quel film retenez-vous parmi tous ceux dont le titre (original ou traduit) évoque la  mort ?


 L’amour à mort d’Alain Resnais puisqu’il n’y a rien de plus beau que les histoires d’amour qui se terminent tragiquement (l’empire des sens, Pierrot le fou, Duel au soleil, les amants de la nuit…). Dans une version plus légère, j’aime également beaucoup le Love and death (Guerre et amour) de Woody Allen qui résume si bien toute l’œuvre du maître…


16 - Rédigez en quelques lignes la future notice nécrologique d'une personnalité du cinéma


 Je suis absolument nul pour les notices nécrologiques et je regrette de n’avoir pas le talent d’un Benjamin Péret lorsqu’il rédigeait des poèmes (Je ne mange pas de ce pain-là) à la « gloire » des morts célèbres. Par exemple, Aristide Briand :


« Enfin ce sperme mal bouilli jaillit du bordel maternel

un rameau d'olivier dans le cul

Terrine d'eaux grasses

coiffant le chou-fleur socialiste

qui se frottait les fesses

sur le drapeau français

en pétant

La France est le roi des animaux

le pays des capotes anglaises

Vive la France

et les chiens décorés

du sang des 1500000 morts

qui enrichirent des ventres ballonné

Voilà Monsieur Briand »

 

[…]

«  CHŒUR DES OUVRIERS TRAHIS 

Dommage qu'il soit mort trop tôt

Notre guillotine n'aurait jamais si bien fonctionné

Heureusement qu'il nous reste des banquiers des généraux des députés des évêques »


17 - Quelle représentation d'exécution capitale vous a semblé la plus marquante ?


 Celle de Marlène Dietrich dans X 27 de Sternberg (comment oublier ce moment où elle se mire dans le sabre de son bourreau pour se remettre du rouge à lèvres ?)


18 - Quel est votre cimetière préféré ?


 Les cimetières sont toujours très beaux chez Jean Rollin. Donc optons pour le film qui se déroule entièrement dans ce lieu : La rose de fer (d’après Tristan Corbière !).


19 - Possédez-vous un bien en rapport avec le cinéma que vous pourriez coucher sur votre testament ?


Pas vraiment même si j’aime beaucoup ma collection de DVD et  certains livres plus ou moins rares consacrés au cinéma (La science-fiction au cinéma de Bouyxou, Godin par Godin, les trois volumes de Ze craignos monsters de Putters, Les yeux de la momie de Manchette, un Bréviaire de cinéphilie dissidente dédicacé par l’auteur auquel je tiens beaucoup…)

Retour à l'accueil