Dreamscape (1983) de Joseph Ruben avec Dennis Quaid, Max Von Sydow, Christopher Plummer (Editions Carlotta film) Sortie le 20 aout 2014


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Redécouvrir aujourd’hui Dreamscape, c’est plonger dans un bain de jouvence et se revoir adolescent fébrile attendant jusqu’à des heures tardives le début du film fantastique du samedi soir sur la Télévision Suisse Romande. Je me souvenais seulement de la scène du train, où Alex, le héros du film, profite d’un rêve pour aller séduire la belle scientifique. Dans mon souvenir, la scène était plus « érotique », preuve que la mémoire cristallise sur certaines images et qu’on fantasme les films autant qu’on les voie.

 

Le bain de jouvence, c’est également les années 80 : revoir Dennis Quaid tout jeune qui, avec ses airs désinvoltes et son sourire carnassier, joue ici les ersatz de Tom Cruise. C’est également constater que le saxophone fut l’instrument indispensable de cette décennie, au même titre que le synthétiseur qui pollue ici l’horrible bande-originale de Maurice Jarre.

 

Mais venons-en au film. Alex est un jeune homme doué pour la télékinésie et qui profite de ses pouvoirs pour gagner aux courses et séduire les filles. Un jour, il est appelé par le responsable d’un programme scientifique (le grand Max Von Sydow) pour se prêter à des expériences inédites. Il s’agit de se projeter dans les rêves d’individus tourmentés pour les aider à combattre leurs angoisses.

Ce postulat fantastique est très séduisant d’autant plus que les rêves constituent un terrain de jeu illimité (Wes Craven s’en souviendra un an plus tard avec son sublime Les griffes de la nuit). Même si les effets-spéciaux du film ont plutôt vieilli (forcément !), force est de constater que le passage réalité/rêve fonctionne plutôt bien. La séquence où Alex va aider un jeune garçon comporte même quelques images surréalistes (un grand escalier descendant vers l’abîme) très belles, qui évoquent aussi bien Dali que Le cabinet du docteur Caligari.

Par ailleurs, le récit est plutôt bien construit et le rythme soutenu préserve le spectateur de tout ennui. Dommage que Ruben se croie obliger de greffer sur cette trame fantastique une fable de « politique fiction » que je ne trouve pas très intéressante. D’autant plus que le cinéaste délaisse alors le potentiel onirique de son récit pour se concentrer sur des scènes d’action (poursuite entre une moto et des voitures, fusillades) que je trouve très convenues.

 

Mais à ces quelques réserves près, Dreamscape est un film qui tient plutôt bien le coup. On s’y amuse de quelques outrances (une scène assez étrangement sanglante lors du « rêve final ») et le scénario reste globalement astucieux et assez amusant (voir la scène du rêve avec l’homme atteint d’un complexe d’infériorité, persuadé que sa femme se tape tout le quartier !). Ruben aurait pu explorer plus en profondeur la richesse d’un tel sujet, traquer les mystères de l’inconscient. Il se contente de réaliser ici un bon et solide divertissement.


Personne n’ira le blâmer pour ça !

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