Vierges pour le bourreau (1965) de Massimo Pupillo avec Walter Brandi (Éditions Artus films)

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Je disais hier que Riccardo Freda parvenait, dans l'effroyable secret du docteur Hichcock, à un équilibre subtil entre un certain classicisme et ses archétypes et quelque chose de plus personnel. Vierges pour le bourreau procure une sensation un peu différente. Par certains aspects, le film de Massimo Pupillo est une parfaite série Z avec ce que cela suppose d’invraisemblances et d'incohérences. Pour prendre l'exemple le plus parfait, citons ce moment où nos héros découvrent une jeune femme dans un sarcophage, empalée par de nombreuses lames et s'exclament : « sa mort n'est pas accidentelle ! » (vous m'en direz tant!).

De la même manière, le film joue avec de nombreuses conventions du cinéma d'exploitation : ici, les lames coupantes qui frôlent les chairs sont plus destinées à enlever quelques morceaux de tissu et à dévoiler fugitivement le bout d'un sein (nous sommes au milieu des années 60 : le cinéma est encore très prude) qu'à faire vraiment mal. Nous y reviendrons mais commençons par planter le décor.

 

Au 17ème siècle, un bourreau cruel (le titre original du film pourrait se traduire par « le bourreau sanguinaire ») est exécuté et son corps est scellé dans un sarcophage dans les souterrains d'un château sinistre. Quelques siècles plus tard, un éditeur et sa troupe (écrivain, starlettes...) débarquent dans ce château qu'ils pensent inhabité pour prendre des photos pour les couvertures de livres d'horreur. Bien entendu, ils vont provoquer un retour de la malédiction...

 

Rien de bien original dans ce récit qui emprunte par ailleurs tous les éléments du cinéma gothique tel qu'on a pu le voir se développer en Italie au début des années 60 : châteaux lugubres, souterrains recelant de terribles secrets, portes qui grincent, toiles d'araignées et chauves-souris... Mais comme je le signalais plus haut, le film flirte avec le plus ringard de la série Z. Le châtelain n'est plus un aristocrate comme avant mais un bellâtre culturiste qui évoque, avec son moule-burnes rouge, le catcheur Santo. Quant à ses serviteurs, avec leurs pectoraux mis en avant et leurs t-shirts rayés ; ils pourraient avoir été figurants dans un clip des Village People !

Exploitation également lorsque Pupillo en rajoute dans la dimension « sadique » de l’œuvre avec cet infâme bourreau qui torture de jeunes écervelées légèrement vêtues avec une certaine délectation (les scènes sanglantes font aujourd'hui sourire).

Le moment le plus poilant du film est sans doute celui où une victime du bourreau se retrouve au milieu d'une improbable toile d'araignée en corde avec une grosse bestiole en caoutchouc qui paraît aussi inoffensive qu' E.T. Il faut voir le stratagème improbable du héros pour tenter de sauver la donzelle : c'est assez épique !

 

A côté de ça, le film est parfois étonnant. D'une part, parce qu'il est plutôt bien réalisé (belle photographie en couleurs, sens du cadre...) et qu'il nous réserve aussi quelques plans assez stupéfiants ; que ce soit une plongée vertigineuse sur un escalier en colimaçon ou une très belle image du « bourreau » se reflétant à l'infini grâce à deux miroirs placés l'un en face de l'autre. Comme face à un film de Jean Rollin ou certains Jess Franco, le spectateur se demande si c'est de l'art ou du cochon et en est presque déboussolé.

 

Vierges pour le bourreau est donc un film gothique mais yé-yé, totalement ringard mais non dénué de sublimes fulgurances, ennuyeux mais par intermittence (le reste du temps, on est véritablement scotché à son écran).

Bref, le genre de curiosité qu'on aime à découvrir et qui nous font remercier une fois de plus les éditions Artus pour leur formidable travail éditorial...

 

NB : Grâce au bonus où intervient une fois de plus l'érudit Alain Petit, vous en saurez plus sur le mystérieux Massimo Pupillo et sur Vierges pour le bourreau.

 

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