Les nouvelles (més)aventures d’Harold Lloyd

 

Harold chez les pirates (1919) d’Hal Roach

Un, deux, trois…partez ! (1919) d’Alf Goulding

Mon ami le voisin (1919) d’Harold Lloyd et Frank Terry

Harold à la rescousse (1917) d’Alf Goulding

 

Editions Carlotta. Sortie en salles le 9 avril 2014

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Il y a quelques années, les éditions Carlotta nous avaient proposé une sélection de trois courts-métrages désopilants de l’immense Harold Lloyd. Rebelote avec un nouveau programme composé de 4 courts-métrages restaurés et plutôt rares.

Ces films correspondent à la période Bebe Daniels du comédien puisque de 1914 à 1919, la jeune femme sera son égérie et sa partenaire à l’écran. C’est seulement en 1919, lorsque l’actrice décide d’entamer une carrière « sérieuse » (avec Cecil B.de Mille, notamment), qu’elle sera remplacée par Mildred Davis que l’on peut voir, par exemple, dans le génial Monte là-dessus.

Si le personnage du « garçon aux lunettes d’écaille » créé par Harold Lloyd et Hal Roach est déjà bien rodé, avouons que ces quatre films ne sont pas les meilleurs de l’acteur burlesque.

Les spécificités de son jeu, y compris les cascades spectaculaires (Oh, la belle voiture !)  et les acrobaties étonnantes (Monte là-dessus !,  Voyage au paradis) ne sont pas encore au rendez-vous et le spectateur doit se contenter de mini-récits plus conventionnels. Néanmoins, au cœur de tous ces films, il y a toujours un passage génial qui compense les quelques facilités qu’on peut déceler ça et là.

 

Harold à la rescousse, le plus ancien de ces courts-métrages, se déroule à la plage où notre jeune homme cherche à conquérir le cœur de la belle jeune fille convoitée par un maître-nageur et un snob. Il endosse à son tour l’uniforme de maître-nageur et produit des quiproquos et des catastrophes en série. On retiendra surtout de ce film un échange de pancartes qui donne lieu à un festival de claquements de portes et de rencontres imprévues. Mais la singularité du jeune homme romantique maladroit et lunaire que peaufinera par la suite Harold Lloyd n’apparait ici que très peu. Même chose dans Mon ami le voisin où celui qui sera toujours nommé « le garçon » forme un couple Bebe Daniels et vit en bonne entente avec son voisin (là encore, le troisième larron est systématiquement interprété par Harry Pollard). Pour une broutille, les choses s’enveniment et la guerre éclate entre les deux couples voisins. On songe à la fois au principe du « œil pour œil, dent pour dent » illustré par Laurel et Hardy ou à un phénomène d’exagération que Norman McLaren reprendra dans Les voisins.

 

Dans Un, deux, trois…partez !, Bebe incarne encore le pot de miel où viennent butiner toutes les abeilles. Face à tous ces prétendants, Harold tente d’élaborer des stratégies pour conquérir le cœur de la belle. Il participera notamment, bien malgré lui, au marathon organisé par les parents de la jeune fille pour départager lesdits prétendants. Comme les deux titres précédents, le film est vif et ne laisse pas le temps de s’ennuyer. Mais il possède en plus une scène d’anthologie que l’on nommera « la scène au miroir » où Harold Lloyd se surpasse et est tordant. Ce genre de scène, on en reverra par la suite assez souvent (y compris chez les Marx brothers) mais elle atteint ici des sommets de drôlerie.

 

Enfin, Harold chez les pirates est à la fois le plus longs de ces films (une vingtaine de minutes contre dix pour les autres) et le plus réussi. La veille de son mariage avec Bebe, notre héros organise un enterrement de vie de garçon très arrosé. Furieuse, sa future belle-mère annule la cérémonie et part avec sa fille aux Canaries. Harold décide de prendre le bateau pour la rejoindre… Le film est composé de deux grands mouvements burlesques : la première partie que l’on pourrait intituler « difficile lendemain de fête » et une deuxième où le jeune homme est confronté à un équipage de pirates…uniquement composé de femmes. L’intérêt de ce film est de présenter un Harold Lloyd un peu moins « lisse » que ce que l’on peut imaginer puisqu’on le découvre ici en fêtard épris de boisson et résolument attiré par les attraits de la gent féminine. Les scènes sur le bateau virent souvent aux bagarres épiques qu’Hal Roach filme avec un sens du montage et du rythme sans faille. La scène où Harold Lloyd se bat avec un cuisinier chinois est hilarante et la vitesse à laquelle les deux protagonistes brisent la vaisselle est assez ahurissante.  

Par ailleurs, le film propose une assez amusante variation autour de la « guerre des sexes » avec cet équipage féminin peu accorte que le garçon tente malgré tout de séduire.

 

Pour la petite histoire, c’est le dernier film que Bebe Daniels tournera avec Harold Lloyd. Conclusion en beauté d’une longue série de films même si, je le répète, ceux présentés ici m’ont paru un peu mineurs.

Mais comprenons-nous bien : des Harold Lloyd mineurs à l’époque où, en guise de comédie, on nous offre du Fiston, il est inutile de préciser qu’il n’y a pas à tergiverser et qu’ils méritent, bien entendu, d’être (re)découverts !

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