Pervert ! (2005) de Jonathan Yudis avec Mary Carey, Sean Andrews

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J’avoue que l’un de mes gros défauts, c’est de ne jamais trop me pencher sur des films dont j’ignore tout du réalisateur. Il peut arriver que la critique attire mon attention sur des premiers films ou que je jette un œil à un film ayant une petite réputation mais il est très rare que je me dise : « tiens, prenons un film au hasard et regardons-le ».

C’est ce que j’ai fait hier : Pervert ! étant diffusé dans la case « rose » de la chaîne CinéCinéma club, je me suis planté devant mon écran avec un regard totalement vierge sur l’œuvre proposée.

Dire que le résultat est une réussite est très exagéré mais ô stupeur !, j’ai découvert un film totalement déjanté qui renoue à la fois avec l’esprit de Russ Meyer pour l’érotisme redneck (l’auteur de Supervixens n’ayant pas eu de grande postérité, saluons l’audace de Yudis) et des productions Troma pour les litres d’hémoglobines (d’un rouge vif qui rappellent également les premiers classiques du genre signés Hershell Gordon Lewis) déversés à l’écran.

Un jeune étudiant de la Nouvelle-Orléans revient pour l’été dans la demeure familiale (en plein désert texan) et retrouve son père qui vit désormais avec une plantureuse bimbo depuis la mort de son épouse. Peu à peu, les choses vont se dégrader et le fils va voir d’un mauvais œil son père qui réalise des sculptures à base de chairs animales (?), surtout lorsque sa « belle-mère » (dont les appâts ne le laissent pas insensibles) disparaît mystérieusement…

Difficile à travers ce résumé médiocre de saisir la teneur de cette œuvre qui n’est rien d’autre qu’un festival de mauvais goût, prouvant au cinéphile déviant que le cocktail « gore nichons » a encore quelques beaux restes !

L’érotisme à base de petites culottes et de poitrines opulentes reste très soft, bien dans l’esprit cartoonesque d’un Russ Meyer (malheureusement, la mise en scène un peu indigente de Yudis n’a pas l’inventivité des grands films de l’auteur de Faster pussy cat, kill! kill !). A cela, il faut ajouter une bonne louche de délire sanguinolent totalement barré (il est quand même question, pour que les choses soient claires, d’un pénis tueur !) qui ne recule devant aucune outrance (le père qui finit par s’arracher son propre cœur et qui le confie à son fils afin qu’il termine l’œuvre de sa vie, sa sculpture en bidoche !). On rajoutera quelques gags régressifs (l’infirmière qui pète au nez du pater familias qui vomit dans la foulée une bouillie verte : le Street trash de Jim Muro n’est pas loin) ou vraiment tordants comme ce personnage de garagiste redneck qu’incarne Yudis lui-même et qui n’hésite pas à botter le cul de son fils de 5, 6 ans pour le renvoyer au boulot (précisons que le gamin était déjà tatoué et ivre mort !).

Si ces quelques révélations vous ont mis l’eau à la bouche et que vous goûtez les productions trash et délirantes de la maison Troma (Toxic Avenger, Atomic college…), Pervert ! est totalement pour vous.

Pour ma part, je regrette simplement que la mise en scène téléfilmique (avec des petits interludes ridicules qui rappellent les clips pour le calendrier Playboy) gâche un peu le plaisir et empêche le film d’avoir le rythme et la saine vulgarité des œuvres de Russ Meyer.

Ici, on ne dépasse pas la provocation de potache : c’est totalement débile, parfois très drôle mais ça n’a pas ce petit « je ne sais quoi » qui fait l’intérêt des grandes œuvres « cultes » de la série B et Z.

Peut-être n’est-ce qu’une question de temps (après tout, on le regardera peut-être dans quelques années comme un incroyable aérolithe) ou peut-être simplement parce que Yudis reste encore trop dans le délire référentiel et qu’il n’invente pas grand-chose.

Ceci dit, on peut largement préférer Pervert ! à Dany Boon ou aux œuvres complètes de Jean Dujardin !

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