Le château des morts-vivants (1964) de Lorenzo Sabatini et Luciano Ricci avec Christopher Lee, Donald Sutherland (Editions Artus films)

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Cela faisait longtemps que je n’avais pas loué ici l’excellente politique éditoriale de la maison Artus. Les spécialistes du cinéma bis et des incunables du cinéma d’exploitation européen nous gâtent cet été. Au programme : un coffret Bela Lugosi (yeah !) dont nous aurons l’occasion de reparler et deux inédits du cinéma d’horreur US.

En attendant ces pièces de collection, il est toujours possible de faire un petit détour du côté de la série B italienne et de ces petites pépites que nos amis transalpins sont (parfois) capables de concocter.

Attention, ceux qui en découvrant le titre de cette œuvre espèrent retrouver un lointain ancêtre aux films de Romero risquent d’être déçus. Il n’est nullement question de zombies dans Le château des morts-vivants, tout juste d’un mystérieux aristocrate perclus dans son manoir se livrant à d’étranges expériences sur les êtres vivants…

L’un des atouts principaux de ce petit film mystérieux (on ignore qui l’a réellement réalisé puisque le générique donne deux noms, deux pseudonymes anglo-saxons qui masquent les identités de deux obscurs artisans nommés Lorenzo Sabatini et Luciano Ricci, et qu’il est probable que le cinéaste britannique Michael Reeves –Le grand inquisiteur- ait participé à quelques séquences !) est la présence au générique du grand Christopher Lee qui incarne ce comte solitaire.

Même s’il n’est nullement question de vampires ici, Le château des morts-vivants évoque furieusement la série des films de la Hammer mettant en scène le personnage de Dracula. Comme dans ces films, on débute avec une petite compagnie de joyeux saltimbanques qui se fait inviter à jouer dans un mystérieux manoir isolé pour une somme coquette. Pour ne pas manquer à la tradition, nous aurons droit à la traditionnelle scène de l’auberge où les comédiens se font engager par courrier et où plane immédiatement une menace quant au lieu où ils vont se rendre (il ne manque que les chevaux qui hennissent, comme dans Le grand frisson de Mel Brooks !).

 

Soyons honnête, le film est assez conventionnel et se cantonne à appliquer quelques recettes sans grande invention. Cela ne l’empêche pas de posséder beaucoup de charme.

D’abord parce que la photographie est travaillée et se révèle plutôt belle (passons sur quelques raccords jour/nuit hasardeux !). Ensuite, parce qu’il s’inscrit dans une certaine tradition du film « gothique » italien qui a donné quelques jolies réussites. Même si on reste assez loin d’un chef-d’œuvre comme Le masque du démon de Mario Bava, Le château des morts-vivants ne démérite pas face à ces pépites méconnues que sont Danse macabre d’Antonio Margheriti ou Le spectre du professeur Hichcock de Riccardo Freda. On retrouve ce goût des italiens pour créer des atmosphères macabres : scientifiques fous, demeures glaciales, baignant dans les ténèbres, pythies aux allures de sorcières…

Ces éléments sont ici classiquement agencés mais ils fonctionnent plutôt bien et permettent au film de culminer lorsque les personnages découvrent les véritables activités du comte Drago.

Enfin, il faut également signaler la présence dans le film du grand Donald Sutherland (oui, oui, la star de MASH et du Casanova de Fellini !) qui incarne deux rôles : à la fois celui d’un flic benêt (pléonasme !) et celui plus savoureux d’une sorcière annonçant les pires malheurs à la troupe (elle se prend néanmoins d’affection pour le nain de la bande qu’elle protégera par la suite).

L’ensemble n’a rien de révolutionnaire mais s’avère tout à fait plaisant…

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