Coffret Les monstres viennent de l'espace (Éditions Artus Films)

The hideous sun demon (1959) de et avec Robert Clarke

Not of this earth (1957) de Roger Corman

The cosmic man (1959) de Herbert S. Greene avec John Carradine

Kronos (1957) de Kurt Neumann

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La guerre froide, la menace nucléaire, la conquête de l'espace, les progrès de la technologie... Toutes ces peurs et ces espoirs furent une manne pour le cinéma de science-fiction américain des années 50. Directement ou indirectement, on retrouve tous ces thèmes dans les quatre films réunis dans ce très beau coffret (un fois de plus, les éditions Artus ont fait un excellent travail) « les monstres viennent de l'espace ».

Puisque ledit coffret contient trois pépites et un rogaton, commençons par le film dont on peut largement se dispenser. La seule originalité de The cosmic man (un des deux uniques longs-métrages qu'a réalisés Herbert S.Greene, assistant-réalisateur ou réalisateur de seconde équipe pour de nombreux films) est de présenter les extra-terrestres comme des êtres bons et plus évolués que les terriens (le fameux « cosmic man » fera retrouver l'usage de ses jambes à un petit garçon handicapé). A part ça, le film se réduit à des tonnes de bavardages ineptes (on ne dira jamais assez combien les discussions pseudo-scientifiques -sur l’antigravitation et l’antimatière ici- plombent de nombreuses séries B de SF) et à des effets-spéciaux très sommaires (une espèce de balle de golf géante flottant au-dessus d'un coin désertique faisant office de vaisseau spatial) et une action lymphatique. Le résultat est un film presque aussi niais que ET de Spielberg et on s'ennuie beaucoup.

A l'inverse, Kronos de Kurt Neumann (le réalisateur de La mouche noire et dont nous avions déjà parlé à propos de Rocketship XM) fait presque figure de superproduction comparé au nanar de Greene. Tourné en RegalScope (une sorte de Cinémascope en noir et blanc, plutôt utilisé pour des westerns bis dans les années 50), le film aborde le thème des envahisseurs avides de voler l'énergie nucléaire des terriens. Un peu comme dans Invaders from Mars de Menzies, les extra-terrestres parviennent à contrôler l'esprit de certains humains et à en faire des sortes d'esclaves (métaphore du venin communiste s'infiltrant dans les consciences?). Riche en effets-spéciaux à base de maquettes, de stock-shots d'explosions nucléaires et de transparences, Kronos séduit également par une indéniable efficacité narrative et une très belle photo. Bien sûr, il a désormais un côté naïf (l'apanage de toute la SF de ces années-là à quelques exceptions près) mais on se laisse néanmoins séduire par un récit riche en rebondissements et plutôt bien mené. Comme dans Rocketship XM, on perçoit même un sympathique et discret message sur le péril nucléaire et le danger que constitue le pillage immodéré des ressources de la planète.

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Dans une même lignée d'extra-terrestres belliqueux, il faut citer le fort plaisant Not of this earth de Roger Corman. Inutile de présenter l'homme qui deviendra célèbre pour ses adaptations (fort réussies) d'Edgar Poe (Le corbeau, Le masque de la mort rouge...) et qui lança, en tant que producteur, de nombreux talents comme Coppola, Jack Nicholson, Monte Hellman ou Joe Dante. Avant d'attaquer une série de comédies horrifiques assez réjouissantes (La petite boutique des horreurs, Un baquet de sang), il tourna des séries B de science-fiction dont les titres font rêver (Attack of crab monsters, It conquered the world...). Not of this earth s'inscrit dans cette veine. Un extra-terrestre en mission débarque sur terre et se montre capable de tuer des êtres humains en les regardant fixement de ses yeux blancs. Johnson, puisque c'est ainsi qu'il se nomme, est chargé d'étudier les us et coutumes des terriens et de récupérer leur sang pour sauver les habitants de la planète Davanna ravagée par une guerre nucléaire. Si le film fait parfois sourire avec ses effets-spéciaux antédiluviens (l'espèce de pieuvre volante qui épaule Johnson à la fin du film), il s'avère également parfaitement agréable grâce à une mise en scène efficace (il dure 1h05 : le spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer) et un acteur charismatique (Paul Birch) dans le rôle de l'extra-terrestre impassible. Sans être un immense cinéaste, Corman se révèle tel qu'on l'a souvent connu : un artisan loyal et talentueux.

The hideous sun demon est une véritable curiosité. Unique réalisation du comédien Robert Clarke, le film est une pure série Z tournée avec trois bouts de ficelle et dont l'aura « culte » n'a cessé de croître (au point que le film a été « détourné » en 1983 avec l'accord de l'auteur pour donner la comédie What's up, hideous sun demon ?). Également produit, écrit et joué par Clarke, The hideous sun demon raconte les mésaventures d'un scientifique irradié qui se transforme en une espèce de lézard à écailles lorsqu'il s'expose au soleil (convenez que c'est plus fâcheux qu'un cancer de la peau!). Extrêmement Z (les raccords sont parfois hasardeux et les situations un poil abracadabrantes), le film séduit cependant grâce à une certaine énergie de la mise en scène et du découpage. Clarke se permet parfois quelques plans « documentaires » (un plan d'ensemble suivi d'un panoramique en plongée sur une banlieue de Los Angeles où quelques maisons se disputent le paysage avec des pylônes de forage et des terrains vagues) assez surprenants. C'est à la fois totalement ringard mais toujours soutenu par un amour du cinéma assez contagieux (et la pin-up de service est fort gouleyante, surtout lorsqu'elle joue du piano...avec une seule main!). Le résultat mérite donc le détour...

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