LOL (2008) de Lisa Azuelos avec Sophie Marceau, Christa Theret, Françoise Fabian

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Pour ne pas me cantonner à la critique de films expérimentaux et/ou très peu vus, j’ai décidé de jeter un œil plus attentif à ce que l’industrie du cinéma peu régulièrement produire.

 

En un mot comme en cent, LOL cherche à répondre à la question suivante : qu’est-ce que cette bête étrange qu’on appelle « adolescent » à l’orée des années 2010 ?

Les réponses sont les suivantes :

 

-Les adolescents emploient systématiquement l’adverbe « trop » dans chacune de leurs phrases.

-Ils ont constamment un casque sur les oreilles et sont accrocs à leurs téléphones portables.

-Ils « chattent » sur MSN.

-Les filles voient d’un mauvais œil les « tepus » blondes du lycée et s’échangent des strings.

-Les garçons doivent passer, au bas mot, deux heures et demi dans leurs salles de bain pour sculpter de ridicules coiffures avec du gel.

-Les « beaux gosses » de la classe font de la musique et les filles allument des briquets en les écoutant jouer en concert.

-Ils ne pensent qu’au sexe et n’hésitent pas à fumer un petit joint à l’occasion.

-Leurs parents sont « chiants » mais ils finissent toujours dans leurs bras.

-Après quelques disputes, les amoureux se retrouvent lors du traditionnel voyage en Angleterre…

 

Mélangez doucement tous ces ingrédients et vous obtiendrez ce que Télérama ose appeler « un film générationnel parfait, digne de La boum (sic !) ou du Péril jeune » ! D’un côté, si Lisa Azuelos a voulu réaliser La boum de la fin des années 2000, c’est assez réussi puisque son film est aussi nul que celui de Pinoteau il y a 25 ans. Mais revenons à nos adolescents.

Ce que montre la cinéaste (et que je viens d’énumérer) n’est pas fondamentalement faux mais c’est l’accumulation des clichés qui dégage immédiatement une impression de fausseté et d’artifice. Sentiment redoublé par un second degré détestable qui souligne immédiatement le double jeu de l’entreprise : être à la fois dans la proximité avec le public ado tout en épinglant leurs « ridicules » pour se mettre dans la poche le public « adulte ». Jamais les personnages n’existent en dehors de leur « typage » (l’allumeuse du lycée, le petit rigolo, le baba-cool, la dévergondée…) et chaque scène ne semble arriver que pour illustrer un cliché (les conflits mère/fille, la première fois, le joint, le string, le journal intime…). Plus qu’un film « générationnel », LOL est un ravalement « fun » (à savoir qu’il est plein à craquer de signes de notre époque) des antiques et abominables sitcom franchouillardes du style Hélène et les garçons (avec son héroïne qui craque pour le beau musicien).

Certains ont reproché au film de ne montrer que des ados nantis dont les seules questions existentielles sont « est-ce que mes parents vont me laisser sortir et/ou faire la fête ». C’est vrai mais je n’ai même pas envie d’attaquer le film sur cet aspect là (après tout, une œuvre ne doit pas nécessairement convoquer systématiquement tous les malheurs du monde).

En revanche, il se dégage du film de Lisa Azuelos un fumet « décomplexé » que je trouve aussi démagogique que détestable. Non contente de nous servir un tableau de l’adolescence à peine digne d’une enquête « sociologique » de magazine féminin, la cinéaste dresse des portraits d’adultes sympas, « cool », adeptes du pétard et de comportements « adolescents » (on retrouve même la grand-mère laxiste de La boum en la personne de la magnifique Françoise Fabian égarée dans cette galère). Si Sophie Marceau n’est pas mauvaise actrice (elle tient son rôle avec une certaine légèreté), le  personnage qu’elle incarne est caricatural et insupportable tant il suinte la démagogie et le consensus mou.

LOL est un de ces « objets gentils » de sinistre mémoire cher à Besson où tout le monde finit la main dans la main : les amoureux, les ennemis d’autrefois, les parents et leurs enfants (ah le sourire du père autoritaire lorsqu’il découvre son fils en train de jouer de la guitare sur scène !) et même les victimes de discriminations (l’accolade entre l’ado « bronzé » et la petite trisomique anglaise).

Pour savoir à quoi ressemblent vraiment les adolescents d’aujourd’hui, mieux vaut revoir les films de Gus Van Sant ou de Larry Clark…

 

PS : Comme c'est nettement plus amusant, je vous propose de porter un toast à l'internationale pâtissière qui a valeureusement entarté le sinistre Eric Zemmour. Plus de précision sur l'indispensable site de Noël Godin.

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