A young doctor's notebook. Saison 1 (2012) d'Alex Hardcastle avec Jon Hamm, Daniel Radcliffe

(Éditions Montparnasse) Sortie le 1er octobre 2013

 vlcsnap-2013-10-04-15h22m01s195.png

Finalement, A young doctor's notebook pourrait représenter pour moi une sorte de « série idéale ». En effet, cette première saison ne compte que quatre épisodes d'une vingtaine de minutes. Du coup, nous nous retrouvons face à une série qui dure autant qu'un long-métrage traditionnel et on échappe ainsi au côté « fleuve » du genre qui est, pour moi, l'un des aspects les plus rébarbatifs de l'exercice (je n'arrive pas à comprend comment on peut se passionner des centaines d'heures pour des récits souvent assez répétitifs!).

Par ailleurs, cette série bénéficie d'une « caution littéraire » puisqu'il s'agit d'une adaptation des Carnets d'un jeune médecin de Boulgakov, récit plus ou moins autobiographique relatant les expériences de médecin du futur écrivain pendant la première guerre mondiale et lors de la Révolution soviétique.

 

Daniel Radcliffe interprète donc ce jeune médecin, fraîchement diplômé de l'université de Moscou qui débarque dans un hôpital paumé au fin fond de la Sibérie. Il réalise alors que tout son savoir est quasiment inutile et qu'il doit désormais composer avec les aléas d'un quotidien hostile.

Réalisé par un certain Alex Hardcastle que je ne connaissais pas (en allant un peu fouiller sur IMDB, j'ai appris qu'il avait réalisé un des épisodes de la série The Office), la série va nous confronter au quotidien de ce médecin, de ses collègues tandis que son double désabusé (Jon Hamm) ne cesse de lui apparaître (la voix de sa conscience).

 

La série joue sur deux registres : l'humour noir britannique (la série est anglaise et a été tournée pour la BBC) et un burlesque sanglant assez outré. Le décalage entre ce personnage de médecin naïf projeté dans un univers hostile totalement opposé à ce qu'il a connu et étudié permet d'offrir de belles saillies drolatiques et de beaux moments où Radcliffe s'avère assez doué pour jouer l'ahuri. Quand il demande à quelle heure ouvre un magasin, sa collègue lui répond du tac-au-tac : « au mois d'août » ! Bienvenue en Sibérie !

Cet humour pince-sans-rire se double d'un burlesque « gore » assez réjouissant : Radcliffe se retrouve aspergé de sang après avoir arraché une dent à un patient (il se trouve qu'il a arraché plus que la dent à soigner!) ou doit garder son sang-froid (c'est le cas de le dire) pour installer une « gorge d'acier » à une petite fille (en fait, il pratique une trachéotomie). Une des séquences les plus éprouvantes est sans doute celle où il doit effectuer une amputation d'une jambe avec une scie émoussée. Lors de ces séquences, il faut prévenir le lecteur que le réalisateur ne cherche pas l'ellipse et qu'on doit subir l'opération frontalement ! Ceci dit, cette horreur est tempérée par un sens du burlesque et de l'humour noir : la scène de l'amputation se termine par Radcliffe qui manque de se casser la figure en marchant sur le bout de pied qu'il vient de découper !

 

Plus la série avance et plus elle s'assombrit. Le docteur commence à se faire une réputation (surtout après le succès de sa trachéotomie) mais il doit lutter contre l'ignorance des gens du lieu (la plupart atteint de la syphilis) et contre le caractère oppressant des conditions de travail qu'on lui inflige. Du coup, il s'adonne à la morphine et en subit les conséquences que Hardcastle filme avec une certaine crudité (un priapisme exacerbé, des moments d'incontinence...).

 

Le résultat est plutôt plaisant, à la fois assez drôle et, en même temps, plutôt bien écrit (Boulgakov oblige). D'un point de vue « mise en scène », c'est un peu moins intéressant mais, malheureusement, je ne suis pas certain que la télévision soit le lieu pour permettre à un style et à une forme originale de se développer. Je trouve, par exemple, que la photographie est bien trop conventionnelle (on a l'impression de voir une de ces anonymes séries policières que diffusent à longueur de journée les chaînes généralistes (avec ce côté un peu jaunâtre et brillant, sans grand rendu).

 

J'ignore pour l'instant si une « saison 2 » est prévue mais, pour l'heure, cette première saison se révèle plutôt brillante, bien jouée (même si je ne suis pas un grand fan du fadasse Radcliffe et que Jon Hamm est bien plus convaincant) et pas désagréable à suivre...

Retour à l'accueil