Sa majesté Minor (2007) de Jean-Jacques Annaud avec José Garcia, Vincent Cassel, Claude Brasseur, Rufus, Jean-Luc Bideau

 

On sait que Jean-Jacques Annaud dut sa célébrité, dans un premier temps, à la Préhistoire et à sa fameuse Guerre du feu. Et comme vous n’êtes pas sans savoir non plus que l’Histoire se répète deux fois, d’abord en tragédie, puis en comédie ; on peut supposer que cette plongée dans la Grèce Antique et païenne constitue le versant bouffon du premier véritable triomphe du cinéaste.

José Garcia incarne ici Minor, un homme cochon coulant le parfait amour avec sa truie jusqu’au jour où il se trouve doté de la parole et propulsé roi de la communauté de l’île où il vit.

Le résultat est tout simplement l’un des plus hallucinants navets que j’aie vu depuis très longtemps. On suppose qu’Annaud avait comme intention de réaliser une farce paillarde « hénaurme » destinée à dérider les foules avachies. Or le film n’est jamais drôle (encore moins que Steak, ce qui n’est pas peu dire !) et la saine paillardise d’un Joël Séria devient ici une affligeante vulgarité (on ne nous épargnera ni les pets, ni les érections en ombres chinoises de Minor ou les copulations d’un Centaure avec une jument !)

Il faut parfois se pincer avant de réaliser que c’est réellement Vincent Cassel qui interprète un satyre priapique ou José Garcia qui dialogue avec une truie soudainement dotée de la parole. Ce grand n’importe quoi érigé en seule loi aurait pu être sympathique si le film avait été fauché. On aurait alors pu songer aux cinéphiles des générations futures contemplant le désastre avec la même tendresse ahurie que celle qui nous saisit à la vision des horreurs de Max Pécas ou Philippe Clair. Malheureusement, Sa majesté Minor est aussi un film riche et s’avère vite très énervant avec son esthétique publicitaire qui est la marque d’Annaud depuis de nombreuses années (songeons, mais très rapidement pour ne pas trop s’énerver, à cette abomination sans nom qu’est l’amant) : comme dans 95% des films « gros budget » actuels, on doit souper une lumière jaunâtre lorsque les scènes se passent le jour avant de subir les inévitables filtres bleutés (de ce point de vue là, Michael Mann aura fait beaucoup de mal au cinéma mondial) qui dégoulinent dès qu’arrive la nuit.

Quand à la distribution ! Dieu me tripote mais que ces gens sont mauvais ! Même José Garcia pour qui j’ai beaucoup d’estime est mauvais comme un…cochon ! Cassel grimace à un point tel qu’il rendrait jaloux Jim Carrey, Michel Leeb et Jerry Lewis réunis et ne parlons même pas de ce pauvre Claude Brasseur qui est peut-être le pire de tous, yeux constamment révulsés au point de laisser penser au spectateur qu’il est atteint d’une syncope à chaque plan ! La jeune actrice dont j’ai oublié le nom n’est pas très bonne comédienne mais on lui pardonne à la rigueur car elle est plus que comestible plastiquement parlant : c’est bien tout ce qu’on lui demande !

Que dire de plus ? Pour tenter de trouver une équivalence à une telle nullité, il faudrait convoquer les noms de Fillon, Manuel Valls ou Benoît Hamon mais on va me dire que je dévie une fois de plus sur le terrain glissant de la politique…

Alors je m’arrête là. De toutes façons, je suppose que vous vous êtes abstenus de voir ce film et vous n’avez pas eu tort. Pour ceux qui auraient commis cette erreur, une cellule  d’aide psychologique a été installée d’urgence dans la rubrique « commentaires ».

N’hésitez pas à vous confier…

* Je vole sans vergogne ce titre à Eric Guez qui l'employa pour un livre publié aux éditions La Brigandine.

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