C'est parti pour le traditionnel bilan de fin d'année. Les meilleurs films de 2011 furent, pour moi :

 appolonide-copie-1.jpg

1- L'apollonide, souvenirs de la maison close (Bertrand Bonello)

2- True Grit (Ethan et Joel Coen)

3- Essential Killing (Jerzy Skolimowski)

4- La piel que habito (Pedro Almodovar)

5- Le Havre (Aki Kaurismäki)

6- Road to nowhere (Monte Hellman)

7- Black swan (Darren Aronofsky)

8- Hors Satan (Bruno Dumont)

9- Pater (Alain Cavalier)

10- L'étrange affaire Angélica (Manoël de Oliveira)

 

« En fait, maladresse ou non de la formule, Cronenberg a pointé le problème de son film : tout y est intelligent. Mais d'une intelligence froide et amidonnée. Une intelligence sans esprit. »

 

Si je me permets de citer un excellent blogueur (l'ami Timothée) pour débuter ce bilan, c'est parce qu'il me semble que cette formule inspirée et très juste visant le dernier film de Cronenberg aurait pu s'appliquer à beaucoup de films de cette année 2011.

essential.jpg

Il me semble en effet avoir vu beaucoup de films « intelligents ». Intéressants, certes, mais sans grâce et sans réelle « finesse ». Trop calculés, à vrai dire, pour réellement toucher. Je pense d'abord à ces films emphatiques que furent Tree of life (Malick, l'intelligence métaphysique) ou Melancholia (Lars von Trier, intelligence apocalyptique). Mais également à l'intelligence un peu compassée et vieillotte de Woody Allen (Minuit à Paris) ou de Martin Scorsese (Hugo Cabret).

Il faudrait encore citer ceux qui connaissent parfaitement leurs effets et dont les œuvres sont presque trop calibrées pour un certain public-cible : Nicholas Winding Refn et son Drive, Nanni Moretti dans la catégorie « je représente tout le cinéma « intelligent » italien (Habemus papam), Sofia Coppola (Somewhere) dans la catégorie « cinéma indépendant arty » ou Céline Sciamma dans celle « jeune cinéma d'auteur conscient de ses effets et de sa griffe » (Tomboy).

 

Je le répète, aucun de ces films cités n'est « ratés » mais je leur préfère désormais ceux qui savent abandonner cette « intelligence » qui finit par scléroser les projets. Ceux qui visent un cinéma « brut », quasi minéral, comme Bruno Dumont (Hors Satan) ou Jerzy Skolimowsky (Essential killing). Ceux qui abordent le genre au premier degré, sans coups de coude dans les côtes du spectateur pour lui signifier à quel point il est « intelligent » : Pedro Almodovar qui revient en forme avec La piel que habito ou les frères Coen avec ce magnifique western qu'est True Grit. Dans le même style, la saine « vulgarité » de Darren Aronofsky lorsqu'il se coltine au cinéma de genre à la De Palma dans Black Swan, me paraît plus franche et beaucoup plus réjouissante que les tics « auteurisants » du surestimé Drive.

Face à tous ces produits « culturels », on apprécie désormais la souveraine nonchalance du centenaire Oliveira qui n'a désormais plus de compte à rendre à personne et qui pratique un cinéma totalement « libre ». Et la « naïveté » qu'on trouve parfois dans le beau L'étrange affaire Angélica paraît aujourd'hui une vertu commune à deux belles réflexions sur le cinéma vues cette année : Pater d'Alain Cavalier et Road to nowhere de Monte Hellman, sans doute l'un des films les plus sous-estimés par la critique.

 

Reste le cas Bonello qui frise parfois l'excès d'intelligence mais qui parvient à ne pas oublier la finesse. La mise en scène de L'Apollonide est tellement fascinante et envoûtante qu'elle rend l’œuvre inoubliable.

 

Cette année, le bilan sera plus court que les années précédentes dans la mesure où j'ai vu beaucoup moins de films. Pour des raisons d'aménagement et de déménagement, le début d'année risque encore d'être un peu perturbée mais je compte bien revenir plus régulièrement et reprendre, par exemple, mon « Cinémarathon » (la découverte des 1500 premiers Cinématons de Gérard Courant constituant une des belles expériences de cette année cinéphile) et les chroniques DVD que j'ai sur le feu (pardon aux éditions Artus pour le retard : je n'oublie pas les coffrets reçus, promis!)

 

En attendant ces nouveaux rendez-vous, je remercie chaleureusement ceux qui m'ont souhaité une bonne année il y a un an parce que 2011 fut vraiment excellente.

Reste à espérer que 2012 soit du même tonneau : santé, bonheur amour et joie pour vous, mes chers lecteurs !

la-piel-que-habito.jpg

Retour à l'accueil