Femmes hors-la-loi (1952) de Sam Newfield avec Mary Windsor, Jackie Coogan (Editions Sidonis)

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Évoquons aujourd'hui, si vous le voulez bien, un éditeur de DVD que tous les amateurs de westerns connaissent. Il s'agit de la maison Sidonis, qui édite avec une régularité qui force le respect un impressionnant nombre de pépites venues du Far West. Ce mois-ci, les Cahiers du cinéma font l'éloge du Gaucho de Tourneur et du Bandit d'Ulmer mais l'éditeur nous propose également d’alléchantes séries B voire Z.

Et c'est ainsi que nous sommes tombé sur ces Femmes hors-la-loi que le prolifique Sam Newfield signa en 1952. En supplément du film, le grand Patrick Brion revient rapidement sur la carrière de ce cinéaste étonnant qui tourna près de 250 films (en utilisant parfois des pseudonymes) et que les amateurs de curiosités cinématographiques prisent pour certains de ses nanars goûtus.

J'ai déjà parlé du surréaliste Nabonga où l’héroïne, prisonnière d'un gorille depuis l'enfance, arbore systématiquement une mise en pli parfaite et même un sac à main ! Mes plus anciens lecteurs se souviennent également de ma chronique sur Terror of Tiny Town, western uniquement interprété par des nains et nous rêvons toujours de découvrir Harlem on the Prairie qui relève du même genre mais qui est, cette fois, uniquement joué par des Noirs !

 

Peut-on alors voir Sam Newfield comme le précurseur de la discrimination positive dans le cadre du western ? Femmes hors-la-loi pourrait corroborer cette séduisante hypothèse dans la mesure où le film se déroule dans une ville entièrement sous la coupe de femmes. Pour ma part, j'ai rarement vu un film classique, a fortiori un western, mettant en scène des femmes endossant ainsi de véritables rôles masculins, si ce n'est dans le Forty guns de Samuel Fuller.

 

Las Mujeres est une petite bourgade dirigée d'une main de fer par une femme forte (Mae, jouée par l'excellente Mary Windsor) et nos gentes demoiselles ont adopté des mœurs que nos préjugés qualifieraient de typiquement masculines : elles jouent au poker, se bagarrent comme des chiffonniers (quoi de mieux pour apaiser les âmes tourmentées qu'une scène de combat entre donzelles surchauffées ?), manipulent, jouent de la gâchette et n'hésitent même pas à craquer les allumettes sur leurs dents !

Dans ce gynécée débarquent plusieurs hommes aux intentions plus ou moins louables : un médecin invité de force, un joueur et un tireur d'élite qui espèrent se faire de l'argent sur le dos de nos dames et un vilain bandit qui cherche à se venger de Mae...

 

Disons-le d'emblée, ce petit western en Cinecolor relève d'une économie de série B la plus nécessiteuse. L'ensemble fait un peu fauché (les décors, la scène finale où la fusillade se limite aux bruits des détonations...) et la mise en scène manque de rythme. Néanmoins, pour un Sam Newfield, ce Femmes hors-la-loi ne se révèle pas trop désagréable. D'une part, pour l'incongruité de son postulat (même si, grâce à Dieu, les choses rentrent dans l'ordre et les hommes reprennent le contrôle de la situation : faut pas déconner ! ) mais également pour le pittoresque de certains personnages. On reconnaît, par exemple, sous les traits du tireur d'élite celui qui fut le « kid » de Chaplin, à savoir Jackie Coogan. Dans une scène assez amusante, il renonce aux armes et se débarrasse d'au moins cinq revolvers qu'il dissimulait un peu partout. Dans le même genre, j'aime beaucoup ce charlatan qui vient bonimenter à Las Mujeres et se retrouve, le temps d'une ellipse assez habile, barman attitré de Mae. Ses interventions sont toujours assez drôles.

 

Vous l'aurez compris, Femmes hors-la-loi n'est ni un film de John Ford ou d'Howard Hawks mais pour les amateurs de curiosités improbables, il mérite un petit coup d’œil indulgent...

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