Cinématon 2521-2550 (2012) de Gérard Courant

Nenad Arsenijevic Cinématon n°2532

Nenad Arsenijevic Cinématon n°2532

Nous voilà donc de retour à Dubaï en compagnie de Gérard Courant qui, en trois jours (du 11 au 13 avril 2012) a tourné pas moins de 37 portraits ! Du coup, avouons-le d'emblée, cette nouvelle étape du « cinémarathon » nous a paru un peu terne et rappelle parfois ces séries tournées à la chaîne où l'on peine à être touché ou captivé. La fraîcheur qui caractérisait les premiers portraits tournés à Dubaï s'est un peu émoussée et les trente modèles filmés ici le sont souvent en intérieur, devant la même baie vitrée. Ce n'est donc pas de l'arrière-plan que viendra le salut.

Dans quelques décennies, ces Cinématons seront sans doute, comme d'habitude, les témoins privilégiés de la mode et des codes de beauté d'une époque. Les générations suivantes pourront constater qu'en 2012, les femmes affectionnaient la coupe géométrique des sourcils (parfois complètement redessinés dans le cas de Nada Amar (n°2525)) et que les hommes (du moins, les plus jeunes) arboraient tous un regard ténébreux et une barbe de trois jours soigneusement entretenue.

Que retenir de cette étape ? Une cinéaste libanaise, Hoda Kerbage (n°2521) qui joue avec son chapeau, montre son accréditation et quitte le champ. Elle revient devant la caméra debout, ne montrant qu'un bout de son jean avant de se rasseoir après avoir gigoté un peu.

Venu de Bahreïn, le cinéaste Osama Al Saif (n°2526) arbore un sourire radieux et est tout fier, lui aussi, de montrer à la caméra son accréditation et la sacoche du 5ème festival du film de Dubaï.

 

Question « initiales », je pensais qu'il n'était pas possible de faire mieux que les 3 « P » de Pierre Paolo Pasolini ou que les 3 « H » de Hou Hsiao-Hsien. Il faudra désormais compter avec les 4 « A » du cinéaste koweïtien Ali Adel Al Ansari (n°2531) qui cherche à exprimer plusieurs sentiments devant la caméra de Gérard Courant : la tristesse puis la franche gaieté et la colère. Pour cela, il utilise comme accessoire le désormais traditionnel téléphone portable.

Le cinéaste serbe Nenad Arsenijevic (n°2532) joue aussi la carte du « mime » mais il s'en tire incroyablement bien. Par ses seules expressions faciales, il parvient à jouer le réveil et la « journée type » d'un festivalier : saluer les confrères, lancer quelques œillades enjôleuses aux consœurs, écouter les conversations, y participer, recevoir un prix... Son visage est très expressif et on ne note pas de « redite » pendant les 3 minutes et des poussières que dure le Cinématon, ce qui est quasiment un exploit dans la mesure où l'exercice est extrêmement difficile et périlleux (beaucoup se sont cassés les dents à tenter un festival de grimaces). Sans aucun doute, le portrait le plus intéressant de la série.

La suite est beaucoup plus banale en dépit de quelques beaux sourires d'étudiantes employées par le festival (citons Haya Obaid (n°2533) qui vient de Jordanie ou encore Eleanor Almeida (n°2545) venue d'Inde).

Le portrait de Katy Chang (n°2535) mérite également d'être cité car cette artiste américaine semble constamment au bord des larmes sans que nous sachions si elle « joue ». On attendait un peu plus de Georges Yazbeck (n°2542) qui tient en main un appareil photo mais il semble vite se désintéresser de ce qui se passe.

Pour conclure, Gérard Courant aura filmé deux individus originaires du Kurdistan (un Syrien et un Irakien) : force est de constater que la joie de vivre ne se lit pas sur leurs visages austères et que nous avons connu des portraits plus riants ! Néanmoins, il faut reconnaître que le directeur de festival Azad Sawza (n°2540) possède une belle figure de patriarche paradjanovien et que son air sévère finit par magnétiser la caméra...

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