Cinématon 2611-2640 (2012) de Gérard Courant

Corinne Bopp Cinématon n°2635

Corinne Bopp Cinématon n°2635

L'étape du jour a été, une fois de plus, marquée par les nombreux festivals que notre globe-trotter Gérard Courant a parcourus en cette année 2012. On en a d'abord terminé (provisoirement!) avec le festival de Dubaï où les quatre derniers portraits se sont révélés plus intéressants que ceux de la dernière flopée.

Le cinéaste émirati Hamad Al Hammadi (n°2612) a choisi de se montrer uniquement de profil pendant toute la durée de son portrait, à l'exception des dernières secondes où il regarde la caméra. Dans la foulée, Gérard Courant a filmé l'actrice australienne Sally Greenland (n°2613) qui se marre comme une baleine et qui s'amuse à jouer (avec beaucoup trop d'ostentation mais ce n'est pas bien grave) diverses émotions (la tristesse, par exemple). Mais c'est le rire qui finit toujours par l'emporter et on ne s'en plaint pas. Enfin, le modèle marocain Assia Qassam (n°2614) joue également à mimer des émotions : la surprise, la joie, la déception... Exercice assez classique mais la jeune femme s'en tire plutôt bien.

A peine quatre jours après ce festival, Gérard Courant reprend une série de portraits à... Buenos Aires ! Il sera néanmoins beaucoup moins prolifique en Argentine d'où il ne rapportera que huit films dont celui du directeur du festival Sergio Wolf (n°2615) et de la cinéaste (proche de Nan Goldin) Valérie Massadian (n°2622) qu'il a filmée à Ezeiza. Rien de bien notable dans cette série si on excepte le critique argentin Diego Trerotola (n°2617) qui a une véritable « gueule » de cinéma : lunettes noires, épaisse tignasse de cheveux de couleur d'ébène et grosse barbe hirsute. Il commence par enlever ses lunettes puis par dénouer ses cheveux avant de faire le mouvement de tête caractéristique des fans de hard-rock en transe lors d'un concert !

 

Retour en France à partir de mai 2012 et l'on constatera lors d'une soirée de juin qu'Alain Paucard a toujours du goût pour convier chez lui de jolies jeunes femmes, notamment l'écrivain Solange Bied-Charreton (n°2625) qui montre à la caméra La théorie de l'information d'Aurélien Bellanger. Parce qu'il lui a consacré un article dans Libération, le journaliste Clément Ghis aura aussi droit à son portrait (n°2627) tourné chez le cinéaste, à Montreuil, expérience qu'il relatera ici.

 

Beaucoup de monde passe à Montreuil pour voir le cinéaste, que ce soit une jolie étudiante coréenne (Séhee Kim, n°2630), une performeuse et plasticienne portugaise, Maria Faustino, n°2631, qui se fige dans des attitudes assez violentes : bouche grande ouverte, poings posés de chaque côté de ses joues sans pour autant parvenir à suggérer l'oppression comme René Vautier y était parvenu ; ou encore le cinéaste Hajime Marutani (n°2632) qui pose devant la télévision de Gérard Courant sur laquelle défile un film (de Marutani?) que le modèle filme également parfois avec sa petite caméra !

Si Daniel Isoppo (n°2633) a l'air assez consterné de se retrouver dans ce projet démentiel, Julie Nguyen Van Qui (n°2634) lance un pari à la caméra par le biais de feuilles de papier : pile, elle devra soutenir son regard, face, elle se contentera de l'ignorer. Après avoir jeté la pièce, c'est le côté pile qui sort et la jeune femme de fixer sans ciller (ou presque) l’œil impitoyable de la caméra.

 

Je pensais qu'après plus de 2630 films, il était difficile de trouver une activité « originale » à faire devant la caméra. Or, sauf erreur, je crois que personne n'avait penser à se vernir les ongles comme Agnès Dufour (n°2635) (après les avoir préalablement nettoyés avec du dissolvant). Si cette « apprentie-cinéaste » ne perce pas dans le métier, elle aura toujours la possibilité de postuler à un poste de secrétariat de direction !

 

Le plus beau Cinématon de la série est assurément celui de Corinne Bopp (n°2636) qui, à l'aide d'un petit carnet, commence par dire (écrire) qu'elle voudrait rendre hommage à des personnalités récemment disparues. Nous la voyons donc présenter un ouvrage sur Jean-Daniel Pollet, un album de Bashung et s'affubler d'un masque à l’effigie du chat de Chris Marker. Puis, elle présente les gravures d'un de ses amis prématurément disparu et souligne que notre temps sur terre est trop bref pour découvrir certains artistes ou en rencontrer d'autres. Au moment où elle évoque ces « rencontres », elle sort un miroir et nous montre Gérard Courant en train de la filmer. Hommage subtil et très beau qui achève de rendre ce portrait très émouvant.

 

Toujours à Montreuil, Boris Pollet (n°2637) enlève son chapeau et sa chemise mais interrompt son « strip-tease » en passant un t-shirt. La cinéaste Dominique Cabrera (n°2638) tient en joue Gérard Courant avec son appareil photo et le mitraille avant de nous offrir un sourire très doux.

 

L'étape se termine par le début d'un nouveau festival, à Pise cette fois. La peintre et poète Cristina Arribas Gonzalez (n°2640) ouvre le bal, un œil caché par sa frange. Pendant ce portrait quasiment immobile, une chanson plus qu'appropriée (voir note précédente) pour illustrer ces images : The sound of silence de Simon and Garfunkel...

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