Un petit bilan pour 2015
C'est l'heure du traditionnel top de fin d'année qui me pose, en l’occurrence, de gros problèmes. Primo : je n'ai pas vu énormément de films en salles cette année et ce classement ne sera sans doute pas très représentatif. Deusio, pour la première fois, je n'arrive pas à départager deux films pour la plus haute marche du podium. Du coup, je laisse l'égalité parfaite pour
1- Les Mille et une nuits (Miguel Gomes)
Mia Madre (Nanni Moretti)
3- Comme un avion (Bruno Podalydès)
4- Inherent vice (Paul Thomas Anderson)
5- L'Homme irrationnel (Woody Allen)
6- Taxi Téhéran (Jafar Panahi)
7- Caprice (Emmanuel Mouret)
8- Trois souvenirs de ma jeunesse (Arnaud Desplechin)
9- L'Ombre des femmes (Philippe Garrel)
10- Cosmos (Andrzej Zulawski)
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Cette année, les Cahiers du cinéma ont créé la polémique en titrant sur « le vide politique du cinéma français ». Si je partage en grande partie leurs analyses, il faudrait néanmoins s'entendre sur le sens qu'on accorde au terme « politique » : s'agit-il de cinéma militant ? De cette bonne vieille « fiction de gauche » avec laquelle on n'arrivera jamais à en découdre (Cf. l'horrible La Loi du marché cette année) ? D'un cinéma purement « esthète » qui serait « politique » par définition ? D'un cinéma qui serait forcément travaillé par le collectif ?
Car, pour ma part, si Les Mille et une nuit furent le plus beau geste « politique » de cette année, parvenant à évoquer avec une rare acuité de l'Europe d'aujourd'hui, du diktat du marché, des catastrophes provoquées par les politiques d'austérité tout en ayant recours à la fable, à la farce, à la mythologie ; le plus beau film « politique » français fut Comme un avion, éloge libertaire du pas de côté et la toute-puissance des désirs et rêves individuels.
Le talent de Podalydès, c'est justement de prendre des chemins de traverse et d'éviter la lourdeur du film sociologique en se concentrant sur des individus. La chaleur et la légèreté de Comme un avion peuvent également nous inciter à réfléchir à de nouveaux modes d'organisations basés sur les affinités électives et le refus de l'esclavage salarié.
D'une manière générale, j'ai privilégié cette année la légèreté : celle, délicieuse, d'Emmanuel Mouret dans le beau Caprice ou celle plus cynique et noire d'un Woody Allen revenu au meilleure de sa forme ou presque (L'Homme irrationnel).
En revanche, j'ai été un poil déçu par certains films très attendus : le classicisme un peu mou de Bennett Miller (Foxcatcher), le feu d'artifice inégal de Larry Clark (The Smell of us) et même par Cemetery of splendor où la magie du cinéaste ne fonctionne que par intermittence. Pas non plus totalement convaincu par l'esthétisme aride de Jauja en dépit d'un finale magnifique, ni par Vers l'autre rive de Kurosawa. En revanche, des cinéastes qui m'avaient déçu récemment sont revenus un peu en grâce : Clint Eastwood avec le beau American sniper et même Tim Burton avec l'agréable et mineur Big eyes.
Top 5 des films que j'ai malheureusement raté en 2015
-Hill of freedom (Hong Sang-Soo)
-It follows (David Robert Mitchell)
-Sangue del Mio sangue (Marco Bellocchio)
-Love (Gaspar Noé)
-Queen of earth (Alex Ross Perry)
Je les ai manqués mais, en dépit de l'enthousiasme général, je ne le regrette pas
-Mad Max Fury Road (George Miller)
-Star wars 7, the force awakens (JJ.Abrams)
-Le Pont des espions (Spielberg)
-Vice-versa (Pete Docter)
Meilleure reprise vue au cinéma en 2015
Furyo (Nagisa Oshima)
Meilleure actrice 2015
Margherita Buy (Mia Madre)
Meilleur acteur 2015
Joaquin Phoenix pour Inherent Vice et L'Homme irrationnel
Pire film de 2015
-Le Journal d'une femme de chambre (Benoît Jacquot)
Beau film passé trop inaperçu
-La Duchesse de Varsovie (Joseph Morder)
Succès critique incompréhensible
-Vincent n'a pas d'écailles (Thomas Salvador)
Meilleur film vu en DVD cette année
-Il était une fois en Amérique (S.Leone) (Carlotta films)
Meilleur coffret DVD
Nagisa Oshima chez Carlotta Films
Meilleur livre sur le cinéma
Jacques Thorens : Le Brady, cinéma des damnés
2 accessits : Alain Petit Jess Franco : Les Prospérités du bis (lecture en cours)
Sébastien Gayraud : Joe d'Amato, le réalisateur fantôme