Orgasmo nero (1980) de Joe d'Amato avec Susan Scott, Richard Harrison, Lucia Ramirez. (Éditions Bach Films). Sortie en DVD : février 2016

Les plaisirs d'Helen

Pour les petits fripons de ma génération qui connurent les riches heures du film du dimanche soir sur M6, Orgasmo nero n'est pas tout à fait inconnu puisqu'il fut jadis diffusé plusieurs fois sous le titre Les Plaisirs d'Hélène.

Là encore, ce qui frappe chez d'Amato, c'est ce mélange des genres qui ne tient finalement que grâce à cette esthétique du « mondo movie » et cette volonté de vouloir toujours en montrer plus.

L'ouverture du film est assez représentative du style du cinéaste : des tam-tams et une cérémonie ancestrale qui se termine par du cannibalisme ! En effet, les participants à la cérémonie finissent par ingérer le corps du défunt afin de garder en eux son âme.

A la suite de quoi, le spectateur fait connaissance avec Helen (Susan Scott) qui vient retrouver son mari scientifique sur l'île où il étudie les comportements de cette tribu primitive. Elle fait connaissance avec la splendide Haina (Lucia Ramirez) dont elle va s'enticher au point de la ramener chez elle...

Comme dans la plupart des « mondo », Joe d'Amato oppose à la « civilisation » le mystère des rites tribaux, les coutumes ancestrales. Il prend d'ailleurs soin de souligner que ces indigènes sont peut-être plus proches de la véritable civilisation que les occidentaux et ce discours relativiste permet de tempérer le côté parfois un peu paternaliste du propos.

Pour le reste, le film tire sur les deux mamelles fécondes du genre : un peu d'exotisme et de l'érotisme « soft ». Même si le film proposé par les éditions Bach films est un peu plus corsé et leste que la version diffusée autrefois sur M6, le résultat reste relativement convenable. On notera néanmoins l'insertion d'une très courte scène hard tirée de Sesso nero et qui débarque ici comme un cheveu sur la soupe. Probable que d'Amato ait voulu rendre plus piquante son œuvre au moment de sa sortie (en deux versions). C'est d'ailleurs cette version plus osée qui déclencha l'ire de Richard Harrison, piqué au vif d'avoir participé à un film truffé de brûlants ébats. On notera quand même la mauvaise foi de l'acteur qui se retrouve à un moment donné tout nu au lit avec les deux héroïnes du film : cela aurait pu lui mettre la puce à l'oreille et lui faire comprendre qu'il n'était pas sur le tournage d'une nouvelle version des Fioretti !

 

Cette longue balade érotique n'a rien de désagréable. Paradoxalement, Joe d'Amato se montre à la fois moins explicite que dans Sesso nero mais aussi beaucoup plus sensuel. Si Susan Scott n'est guère plus excitante qu'un plat de tagliatelles froid, la volcanique Lucia Ramirez est beaucoup plus choucarde. Du coup, c'est elle qui épice les ébats lesbiens qui rythment un récit plutôt étique. Encore une fois, il ne faut pas être effrayé par les clichés du roman-photo (courses au ralenti sur la plage, lagon paradisiaque, mer bleue turquoise...) pour goûter, modérément, les péripéties divertissantes quoique un peu mollassonnes que nous propose le cinéaste.

 

Et il faudra attendre la conclusion pour que le film renoue avec les rites vaudou et le cannibalisme qui obsédait alors le cinéma bis italien en général et Joe d'Amato en particulier (il n'allait pas tarder à tourner son mythique Anthropophagous).

 

Pour les amateurs de curiosités exotico-érotiques, Orgasmo nero mérite un petit coup d’œil et nous fait espérer que la collection Joe d'Amato initiée par les éditions Bach films s'enrichira rapidement de nouveaux titres...

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