Cinéma(ra)t(h)on : J-120
Cinématon 2736-2749 (2013) de Gérard Courant
L’accessoire est l’une des choses les plus utiles au modèle du Cinématon. Faire passer le temps, se donner une contenance, habiller quelque peu un visage nu qui s’offre en toute indécence à la caméra de Gérard Courant est l’une des constantes régulières de ce film au long cours. Le regard perdu dans un ailleurs très lointain, la comédienne Marie-Hélène Raby (n°2736) finit par sortir une cigarette pour la fumer et c’est très injustement cela que le spectateur retient avant tout.
L’écrivain François Kasbi (n°2737) est équipé de tout l’attirail minimum du gentilhomme : un livre (de Vigny), une cigarette également et le verre de vin (?) blanc comme il se doit puisque le portrait a été tourné lors d’une des proverbiales « soirées cholestérol » d’Alain Paucard.
Pour Mira Popovic (n°2738), l’accessoire se situe dans le décor puisqu’elle pose, l’air un peu effaré, devant des dictionnaires (notamment de beaux Littré). L’élégante Beata de Robien (n°2739) consulte elle aussi un livre. Grâce à l’arrêt sur image, on apercevra qu’il s’agit de son roman Fugue polonaise qu’elle lira d’ailleurs pour la série Lire du cinéaste.
Enfin, Antoine Mirande (n°2740), toujours chez Paucard, présente à la caméra un Guide vert des châteaux de la Loire et nous montre quelques photos dudit guide.
Mi-septembre 2013, Gérard Courant file vers Toulouse pour le Fifigrot, le festival international du film Grolandais. Sur place, il rencontre d’abord le président de la présipauté, unique électeur et unique personne éligible, Christophe Salengro (n°2742) qui se livre à un festival de grimaces, jouant avec ses oreilles reconnaissables entre mille, faisant mine de se débraguetter et quittant régulièrement sa place pour se livrer à d’incessants va-et-vient.
Le comédien et cinéaste Jérôme Soubeyrand (n°2744) nous propose une sorte de scénario à la Irréversible de Gaspar Noé. En effet, son portrait débute de manière hystérique par des mouvements de corps et de tête épileptiques. Se balançant de tous les côtés, le modèle sort du cadre et fait de grands gestes. Puis tout se calme et il finit par s’immobiliser complètement, comme une statue de marbre. Après avoir commencé au cœur du vortex, nous nous en sommes éloignés petit à petit…
Patrick Haddadi (n°2745) débute son portrait en jouant plusieurs émotions : l’inquiétude, la colère, la tristesse, la rage, le désespoir. Sans doute emporté par sa fougue, il enlève son t-shirt et se retrouve torse nu devant la caméra avant d’enlever également ses chaussettes (il nous montrera un pied) et son pantalon. Le cadre serré de Courant préservera néanmoins nos pudeurs…
Le portrait de Pouhiou (n°2746) n’a rien d’extraordinaire en soi sauf que l’acteur a eu la singulière idée de le réaliser assis… sur des toilettes ! On espère seulement pour le cinéaste qu’il s’agissait d’une simulation.
Sandra (Bulle) Nguyen (n°2747), étudiante, a du se laisser porter par l’ambiance grisante du festival dans la mesure où, elle aussi, se livre à un festival de grimaces.
Enfin, Eugène Lawn (n°2749) nous permet de retomber sur nos pattes et de revenir à l’accessoire puisque c’est le mégaphone qu’il tient dans les mains et dans lequel il hurle qui agrémente ce dernier portrait du jour…