Le Complexe de Frankenstein (2015) de Gilles Penso et Alexandre Poncet. (Editions Carlotta Films) Sortie en DVD le 27 septembre 2017

Autour des effets-spéciaux

 

En guise d’introduction, il est peut-être utile de rappeler que la relative sévérité de la critique qui va suivre tient sans doute au peu d’intérêt que je porte au sujet abordé. Si j’aime passionnément le cinéma fantastique et d’horreur, je dois avouer que le « dessous des cartes » ne m’a jamais fasciné et que je me fiche éperdument des moyens mis en œuvre pour donner naissance aux créatures et monstres qui ont hanté le cinéma depuis ses origines. Il ne s’agit pas de dénigrer les effets-spéciaux mais de reconnaître humblement que le résultat à l’écran m’intéresse plus que les secrets de fabrication.

Je sais pourtant aussi que King Kong n’aurait peut-être jamais eu le même visage si le gorille géant n’avait pas été animé par Willis O’Brien et il serait bien stupide de ne pas reconnaître le génie de Ray Harryhausen. Qu’un documentaire se penche sur ces travailleurs de l’ombre et sur les créateurs d’effets-spéciaux n’a donc rien d’illégitime. Et pour les amateurs, précisons d’emblée que Le Complexe de Frankenstein sort l’artillerie lourde en nous proposant une « distribution » 4 étoiles en faisant intervenir des cinéastes (Joe Dante, John Landis, Kevin Smith, Guillermo Del Toro), de nombreux créateurs d’effets-spéciaux : Chris Walas (Gremlins, La Mouche), Rick Baker (Le Loup-Garou de Londres), Dennis Muren (Star Wars, Abyss, Jurassic Park…) ou encore des superviseurs comme Phil Tippett (Starship troopers)…

Pourtant, en dépit de cette flopée de créateurs reconnus, le documentaire déçoit. D’abord par sa facture anonyme : une succession de bouts d’entretiens raccordés par des fondus et une musique trop envahissante. Dans la forme, Le Complexe de Frankenstein ne se distingue pas d’un quelconque reportage destiné à servir de bonus à un DVD.

De plus, le film manque singulièrement d’épine dorsale. Après un début catastrophique où les personnes interrogées enfilent les banalités comme des perles sur un collier, le film parvient néanmoins à trouver un angle d’attaque historique qui fonctionne mieux. Les auteurs reviennent alors sur les différents types d’effets-spéciaux, qu’il s’agisse d’acteurs déguisés ou maquillés, des maquettes détruites par Godzilla ou l’animation image par image. Vient ensuite un chapitre assez intéressant sur « l’animatronique » (les créatures et robots animés électroniquement) qui donne lieu à quelques réflexions intéressantes (le fait que, contrairement aux effets numériques, l’acteur reste confronté à une altérité) et qui m’a appris des choses que j’ignorais (qu’une grande partie des effets-spéciaux de Terminator 2 n’était pas des images de synthèse, par exemple). Enfin, le passage aux effets digitaux est évoqués mais sans plus d’insistance.

Outre le problème de mise en scène évoqué plus haut, le film n’intéresse que par intermittence. J’avoue que lorsque interviennent Joe Dante et un John Landis toujours hilare, mon attention a été plus grande que lorsqu’on doit subir un long passage sur les dinosaures de Jurassic Park ou sur la figuration de Yoda dans Star Wars !

Le film souffre également d’une absence d’extraits (ceux présentés sont vraiment trop courts) et il se contente d’illustrer son propos par des plans « muséographiques » de créatures exposées. C’est un peu frustrant.

Les passionnés d’effets-spéciaux y trouveront peut-être leur compte mais le côté « fourre-tout » du film (on essaie de caser le maximum d’intervenants) finit par le desservir.  Il aurait fallu une ligne d’attaque plus resserrée et un peu plus d’audace dans la forme.

Dommage.

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